L’affaire Ayaan Hirshi Ali

Ses critiques à l’égard de l’islam ont suscité la polémique aux Pays-Bas. Aujourd’hui établie aux États-Unis, elle craint pour sa sécurité. En France, elle est une héroïne…

Publié le 18 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Pendant sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait promis de faire de la France un lieu où « les femmes menacées à travers le monde trouvent refuge et protection ». Même si sa situation n’est pas aussi dramatique que celle des infirmières bulgares au temps de leur détention en Libye ni que celle d’Ingrid Betancourt, retenue en otage depuis six ans par les Farc dans la jungle colombienne, la jeune (39 ans) Ayaan Hirshi Ali, née en Somalie, naturalisée néerlandaise en 1992, élue au Parlement dix ans plus tard et aujourd’hui établie aux États-Unis – où elle travaille pour un think tank proche des néoconservateurs -, a bel et bien été menacée de mort, en 2004, par un islamiste rendu fou par ses critiques contre la religion du prophète, cette « culture rétrograde », dit-elle.
Le gouvernement néerlandais ayant cessé d’assurer sa protection dès lors qu’elle ne réside plus sur le territoire national et les Américains montrant peu d’empressement à prendre le relais, Hirshi Ali se tourne aujourd’hui vers le pays de Voltaire, où elle bénéficie de soutiens nombreux et actifs chez les intellectuels, et souhaite obtenir la nationalité française.
Un peu embarrassé – les critiques de Hirshi Ali sont très mal acceptées dans le monde musulman, bien au-delà des cercles intégristes -, le gouvernement français pourrait néanmoins se laisser convaincre. Le porte-parole de l’UMP est favorable à sa naturalisation « dans les plus brefs délais » ; Rama Yade, la secrétaire d’État aux Droits de l’homme, assure que « la France éternelle, celle de 1789, de Hugo et de De Gaulle, ?[l’]a entendue » ; et Fadela Amara, chargée de la Politique de la ville (et ancienne présidente de l’association Ni putes ni soumises), l’a reçue, le 11 février, à son secrétariat d’État. Son pays assurant la présidence de l’Union européenne à partir du 1er juillet, Sarkozy souhaite quant à lui favoriser la mise en place d’un fonds communautaire pour assurer la protection des personnes déplacées. Raison pour laquelle Ayaan Hirshi Ali devait se rendre à Bruxelles, le 14 février, pour plaider sa cau se auprès des eurodéputés.
Deux de nos collaborateurs prennent ici position sur cette question aussi sensible que sujette à polémiques. Il va de soi que les colonnes de Jeune Afrique sont largement ouvertes à d’autres sensibilités. Et que le débat est ouvert.

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