Il est temps de trouver des solutions africaines
Le problème de la gestion de l’eau potable s’aggrave chaque année sur le continent. À quelques exceptions près, les modèles en vigueur, public ou privé, n’ont, pour l’instant, pas fait leurs preuves.
![](/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,height=810,fit=cover/medias/default.png)
L’heure de la mobilisation générale a sonné. Alors qu’aujourd’hui, aux États-Unis, une ville comme Las Vegas gaspille 1 000 litres d’eau par jour et par habitant, en Afrique, plus de 300 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable dans des conditions décentes. Extension des réseaux, multiplication des forages, généralisation des bornes-fontaines, construction de stations d’épuration et de traitement, mise en place de systèmes de contrôle et de qualité ou encore modernisation des circuits existants pour éviter le gaspillage et les déperditions : tout reste à faire sur le continent. Chaque année, la situation ne s’améliore que pour 10 millions d’Africains seulement. Or il faudrait que cela soit le cas pour au moins 23 millions d’entre eux par an pour que l’Afrique puisse atteindre les fameux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui, dans leur cible numéro 10, entendent diminuer de moitié le nombre de personnes n’ayant pas accès à une source d’eau potable à l’horizon 2015. Et il y a urgence : au rythme actuel, en effet, ils ne seront atteints qu’en 2040 – au plus tôt -, à en croire les projections du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) ! L’objectif est ambitieux, et d’autant plus difficile à relever que l’Afrique est l’un des continents où la ressource est le plus mal répartie, où les infrastructures sont le moins développées et où les conséquences du réchauffement climatique s’annoncent particulièrement inquiétantes. À lui seul, ce défi nécessite un investissement compris entre 10 milliards et 30 milliards de dollars par an, selon le Conseil mondial de l’eau
En 2008 toutefois, l’Afrique semble vouloir prendre les mesures qui s’imposent. Après la création du Conseil des ministres africains de l’eau (Amcow) et la mise en place de la Facilité africaine de l’eau, en 2004, pas moins de six manifestations concernant la problématique de l’accès à l’eau vont avoir lieu (voir « Agenda » p. 80) sur le continent d’ici au 31 mars prochain. En point d’orgue se déroulera, à Tunis, la Semaine africaine de l’eau, conjointement organisée par l’Amcow et la Banque africaine de développement (BAD). Si les cas de la Côte d’Ivoire, du Cameroun et du Mali révèlent combien les efforts qui restent à fournir sont importants, les réussites enregistrées au Maroc, au Sénégal et au Gabon – où les taux de couverture nationale en eau potable dépassent 80 % – démontrent toutefois que, dans ce domaine non plus, il n’y a pas de fatalité.
Pour autant, la solution miracle n’existe pas. Gestion publique à tout prix ou privatisation à tout-va : comme l’illustrent les reportages suivants, il appartient à chaque pays de trouver la formule qui lui convient en fonction de ses moyens. Revue de détail.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- L’État algérien accélère la cadence pour récupérer les biens mal acquis
- Pour la première fois, Mahamadou Issoufou condamne le coup d’État du général Tiani
- Amnesty International demande l’arrêt des expulsions forcées à Abidjan
- Au Niger, Abdourahamane Tiani et la stratégie assumée de l’« anti-France »
- M23 en RDC : cinq questions pour comprendre pourquoi le conflit s’enlise