Guinée : ça plane pour eux !

Une école d’art acrobatique guinéenne forme de jeunes délinquants aux métiers de la scène. Et leur permet de vivre de leur passion.

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 18 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Dixim, un quartier populaire de Conakry. À côté du stade du 28-Septembre, un hangar quelconque. Mais sur le fronton de l’entrée, une inscription surprend : Centre de formation en art acrobatique Fodéba Keita. À l’intérieur de la bâtisse, l’ambiance est surchauffée.

Des churs mélancoliques répondent à la fureur des percussions. Des matelas sont posés par terre. Ici et là, des filets, des barres, des trapèzes, des câbles, des fils, des cerceaux en cuir complètent le décor.

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Garçons et filles, âgés de 8 à 22 ans, le sourire aux lèvres, exécutent des numéros époustouflants. Acrobates, jongleurs, funambules, trapézistes, ils rivalisent d’adresse.

Il faut remonter à 1999, année où le réalisateur français Laurent Chevallier tourne à Conakry un documentaire (que diffuse France Ô le 7 mars) sur une troupe guinéenne, le Circus Baobab. Résultat : le cirque parcourt le monde.

Ce succès amène certains à penser à la création d’un Centre de formation en art acrobatique des jeunes en difficulté. Les activités démarrent réellement en 2000. Géré par l’association Tinafan, que dirige Bailo Télivel Diallo, ancien directeur au ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, le Centre accueille aujourd’hui une centaine de jeunes, garçons et filles, dont la plupart étaient en situation de prédélinquance ou sortaient du milieu carcéral.

Au bout de trois ans, ils obtiennent un diplôme. Parallèlement, une formation aux métiers de la scène est proposée : décoration, menuiserie, soudure, couture Les jeunes qui ne sont jamais allés à l’école reçoivent des cours d’alphabétisation, alors que les autres, autrefois en situation d’échec scolaire, sont aidés dans la consolidation de leurs acquis.

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Les acrobates du Centre Fodéba Keita intéressent de plus en plus le monde extérieur. Après le Liberia en septembre dernier, ils seront au Mali du 23 février au 1er mars. Puis participeront au Festival international du cirque du Cambodge du 3 au 6 avril avec leur spectacle Le Marché de la hyène, inspiré des événements de janvier-février 2007 en Guinée.

Un jeune issu du Centre a été recruté par le Cirque du Soleil (Canada). En décembre 2007, huit acrobates ont été invités aux États-Unis par une troupe américaine avec un statut de salariés.

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Après un stage de perfectionnement, ils entreprendront une tournée de sept mois. Selon les termes du contrat, les revenus des mineurs seront versés à leurs parents et 15 % des gains du producteur au Centre.

Grâce à ses nombreux partenaires (Unicef, Japon, coopération française), celui-ci compte recruter une centaine d’autres jeunes et construire un théâtre en plein air. Comme pour dire que le cirque se porte bien.

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