Marie-Pierre Nicollet : « Les engagements de l’AFD dans la zone MENA devraient rebondir en 2014 »
Les financements accordés par l’AFD aux pays de la zone Méditerannée et Moyen-Orient sont passés de 1,217 milliards de dollars en 2012 à 796,5 millions d’euros cette année. Désengagement ou effet de la conjoncture ? Marie-Pierre Nicollet, directrice du département Méditerranée de l’AFD, a répondu aux questions de « Jeune Afrique ».
L’Agence française de développement a publié son bilan 2013. Si durant l’année écoulée, les engagements de l’institut public français en Afrique subsaharienne ont crû de près de 38% pour atteindre 2,77 milliards d’euros, les financements accordés aux pays de la zone Méditerranée et Moyen-Orient semblent en net recul. Ils sont passés de 1,217 milliards de dollars en 2012 à 796,5 millions d’euros cette année. Une baisse apparente de près de 35,5%. Désengagement ou effet de la conjoncture ? Marie-Pierre Nicollet, directrice du département Méditerranée de l’AFD, a répondu aux questions de Jeune Afrique.
Propos recueillis par Joël Té-Léssia
Jeune Afrique : À lire le bilan de l’exercice 2013, les engagements de l’Agence française de développement dans la zone Méditerranée et Moyen-Orient semblent en net recul par rapport à l’année précédente. Ils sont passés de 1,217 milliards de dollars en 2012 à 796,5 millions d’euros cette année. Une baisse apparente de près de 35,5%. Comment expliquez-vous cette chute ?
Marie-Pierre Nicollet : Il faut relativiser cette évolution. D’abord, parce que l’année 2012 est – dans une large mesure – exceptionnelle en ce qui concerne nos engagements dans la région. Dans le montant des financements indiqués figurent le retraitement en 2012 d’un engagement de 220 millions d’euros intervenu en 2010 pour le financement de la Ligne grande vitesse au Maroc. Il ne s’agit donc pas d’un nouvel engagement au sens propre ; son inclusion dans le bilan 2012 répond à des raisons administratives.
Par ailleurs, en 2012, l’AFD a apporté un financement de 300 millions d’euros pour le financement de la phase III de la ligne 3 du métro du Caire. Des montants aussi conséquents sont exceptionnels et ne se répètent donc pas tous les ans.
Enfin, de nouveaux acteurs sont arrivées dans la région. La Jordanie par exemple ne s’est que très peu endettée en 2013, préférant recourir aux ressources plus concessionnelles, voire gratuites, proposées par les pays du Golfe.
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Pour autant, et même en tenant compte de ces facteurs, on observe un clair recul de vos interventions dans certains pays. En Tunisie, par exemple, les engagements de l’AFD ont baissé de près de 90%, passant de 63,9 millions d’euros en 2012 à seulement 6,2 millions d’euros l’an dernier…
Les années 2011-2013 ont été des périodes de turbulences dans la région, en raison notamment des transitions politiques qui ont suivi les printemps arabes. Les mouvements sociaux et les transitions politiques ont ralenti le rythme d’instruction des nouveaux projets, et plus globalement ont eu un impact sur la croissance des pays de la zone, avec une claire rupture par rapport aux tendances observées la décennie précédente en termes de croissance économique. La situation est néanmoins plus stable aujourd’hui – exception faite de la crise syrienne. Les engagements de l’AFD dans la région devraient rebondir en 2014 et revenir à un niveau annuel moyen proche de 900 millions d’euros.
Les pays d’Afrique du Nord devraient être relativement moins impactés par la crise en Syrie, que ceux du Moyen-Orient. Ils restent en revanche plus vulnérables à une persistance du marasme économique en Europe.
Le sud de la Méditerranée reste très dépendant de la bonne santé économique de l’Europe. La durée de la crise économique en Europe est un facteur important pour expliquer la propension des pays d’Afrique du Nord à investir et à commercer avec les pays au sud du Sahara. C’est notamment le cas du Maroc qui diversifie son économie et a des champions économiques qui s’internationalisent en Afrique subsaharienne.
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