Ngarlejy Yorongar
« Il faut organiser des législatives »
A 59 ans, le coordinateur exécutif fédéral de la Fédération action pour la République (FAR) est l’un des leaders de l’opposition. Challengeur d’Idriss Déby lors de la présidentielle de 2001, à l’issue de laquelle il a récolté près de 14 % des voix, Ngarlejy Yorongar a boycotté le scrutin du 3 mai 2006, mais a conservé son mandat de député.
Jeune Afrique : Le chef de l’État a signé des accords avec différents groupes rebelles, mais les combats avec les insurgés ont repris. Que vous inspire cette situation ?
Ngarlejy Yorongar : Déby Itno est arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’État. Ses adversaires essaient uniquement de perpétuer ses méthodes. Il y a quelques années, après une tentative de putsch, Déby Itno est allé au Soudan, où le président Omar el-Béchir lui a fourni l’armement nécessaire au renversement de Habré. Le chef de l’État est de ceux qui ont ouvert la porte à cette forme d’expression violente.
Peut-on dire que le Tchad est en voie de démocratisation malgré la guerre ?
Personne ne se demande pourquoi il n’y a pas eu d’élections législatives depuis 2001. Le mandat des députés est de quatre ans Il aurait dû y avoir des législatives en 2005. Déby retarde cette échéance parce qu’il sait qu’il ne remportera pas l’élection. Même dans le Nord-Est, son fief, où notre parti a battu le sien lors de la dernière présidentielle. J’espère qu’il organisera des élections d’ici à 2009.
Vous êtes député d’une région pétrolière. Quel est l’impact de l’or noir sur la vie des populations ?
À l’époque, j’ai tout fait pour empêcher ce projet d’exploitation. J’ai alerté la Banque mondiale sur le fait que le brut n’allait en rien contribuer à réduire la pauvreté. Aujourd’hui, il suffit d’aller sur les sites pétroliers pour se rendre compte qu’en trois ans rien n’a été construit avec l’argent des hydrocarbures.
En tant que député, que comptez-vous faire ?
Nous avons tout fait, ça n’a rien donné. Il faut maintenant que la communauté internationale fasse pression sur le chef de l’État pour qu’il cesse de parapher des accords qui ne servent à rien. La solution est de réunir tous les Tchadiens autour d’une table. Ceux de l’intérieur et ceux de la diaspora. La communauté internationale doit nous aider à instaurer une véritable démocratie dans notre pays. Il faut que les Tchadiens puissent choisir leurs représentants. C’est ainsi que nous parviendrons à régler le problème des rébellions qui gangrène le pays.
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