Mounira Mitchala, féline tchadienne

Le prix Découvertes RFI 2007 a été attribué à la « Panthère douce de N’Djamena ».

Publié le 17 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

« Je souhaite que ce prix puisse ramener la paix éternelle au Tchad. » Tel est le vÂu exprimé par la chanteuse Mounira Mitchala le 8 décembre au stade du 28-Septembre de Conakry, en Guinée. Elle vient de remporter le prix Découvertes RFI 2007 face au Camerounais Blick Bassy et au groupe sénégalais SSK. Le jury, présidé par le chanteur Salif Keita, est unanime sur les qualités de sa voix et son jeu de scène exceptionnel.
« Je suis née en 1979, pendant la guerre, confie la jeune Tchadienne. Vingt-huit ans après, la guerre est toujours là. » Mounira a vécu une partie de son enfance en Allemagne, où son père poursuivait des études. Le goût de la musique lui est venu de ses parents, très mélomanes, et de sa grand-mère, « chanteuse traditionnelle dans les cérémonies ». Adolescente timide, Mounira Mitchala estime alors que pour gagner en assurance il n’y a qu’une solution : passer par le théâtre scolaire. Nous sommes en 1996.
Sa carrière débute en 1998-1999. « Ce n’était pas facile au Tchad, en tant que femme et musulmane, reconnaît-elle. Mais j’ai reçu le soutien des miens, surtout de ma mère. » Elle interprète différentes musiques, dont la soul. Et elle remporte des prix lors de concours organisés dans son lycée. Remarquée, elle est invitée, en juin 2000, à se produire au Centre culturel français de N’Djamena, à l’occasion de la fête de la Musique. Le Tchad commence à la connaître. C’est pourquoi elle décide de sortir des sentiers battus et de trouver sa propre expression en s’inspirant des musiques de son pays avec un zeste de sonorités venues d’ailleurs. Elle met également en valeur deux instruments typiquement africains, la gara’a (calebasse) et la garaya (guitare peule à deux cordes), auxquelles s’ajoutent différentes sortes de djembés. Tout cela, Mounira Mitchala le fait parallèlement à ses études. Diplômée de l’École nationale d’administration et de la magistrature en 2004, elle est, depuis, fonctionnaire au ministère de la Justice. Aujourd’hui, elle poursuit ses deux carrières, même si elle est plus connue comme chanteuse.
Malgré le manque de structures et d’infrastructures musicales dont souffre le Tchad, Mounira Mitchala rêve d’amener, grâce à la musique, les Tchadiens à se réconcilier. Chantant en arabe tchadien et en bidya, sa langue maternelle parlée dans le centre du pays, elle a enregistré son premier album, Talou Lena, en 2006. Elle s’est déjà produite sur plusieurs scènes dans toute l’Afrique centrale, la France et les États-Unis. La lauréate 2007 du prix Découvertes de Radio France internationale (organisé avec le concours de l’Organisation internationale de la Francophonie, le ministère français des Affaires étrangères, la Sacem et Culturesfrance) a reçu un chèque de 7 000 euros, en plus d’une bourse d’aide au développement de carrière de 12 500 euros. En 2008, elle sera en tournée en Afrique centrale et participera au festival Musiques métisses, en France.

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