Les Marocains en colère contre Danone
Appuyée par le chef du gouvernement, la campagne de boycott des produits de Danone au Maroc a créé un énorme buzz. A l’origine de ce ras-le-bol, la récente augmentation des prix des yaourts, décidée par Centrale Laitière. De son côté, l’entreprise maintient que cette hausse est légitime et répond à l’envolée des coûts des intrants.
Il a suffi que le holding royal SNI lâche le contrôle de Centrale Laitière au profit du groupe français Danone pour que les langues se délient. Accusée par la Fédération marocaine des droits du consommateur d’être « l’instigatrice des augmentations de prix du lait et de ses dérivés dans le secteur », la filiale marocaine du groupe Danone est la cible d’une large campagne de boycott menée par les associations de consommateurs et soutenue par le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane.
Les prix des produits laitiers n’ont pas bougé depuis dix ans, tandis que ceux des intrants grimpaient », explique-t-on du côté de Centrale Laitière
Ce dernier a annoncé le samedi 25 mai dernier, à l’occasion d’un meeting politique, son intention de boycotter les produits de l’entreprise pendant une durée de 10 jours, appelant les Marocains à faire de même et à se mettre au « Raïb », du lait caillé traditionnel (fait maison généralement).
Cette campagne fait suite à l’augmentation récente des prix des yaourts de 20 centimes de dirhams (environ 2 centimes d’euros), qui intervient quelques mois après la hausse très contestée du prix du lait.
« Cette décision intervient surtout à quelques semaines du mois de ramadan, période où on enregistre un pic de consommation des produits laitiers », tonne la Fédération marocaine des droits du consommateur.
Effet de rattrapage
Ne souhaitant pas réagir directement à cette campagne, Centrale Laitière maintient toutefois que ces hausses restent légitimes. « Les prix des produits laitiers n’ont pas bougé depuis au moins dix ans, alors que tous les intrants ont vu leur prix augmenter. On ne fait que rattraper le retard », signale une source au sein de la filiale de Danone.
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Au premier rang de ces intrants dont les prix ont flambé : l’énergie. « Les prix des hydrocarbures ont augmenté de 15 à 20 % depuis 2012. Sans parler du fioul industriel, dont le prix a augmenté de 73 % en 2013 suite à la décompensation décidée par le gouvernement. Au total, entre 2004 et aujourd’hui, l’inflation cumulée au Maroc a atteint 24,4 %, et il est donc tout à fait normal que cela se répercute sur les prix des produits finis », précise notre source.
Effet de rattrapage donc, mais aussi une décision stratégique qui vise à redresser les comptes de la boîte. Leader du marché avec près de 70 % de parts de marché, Centrale Laitière a beaucoup souffert du gap entre ses coûts de revient et ses prix de vente. En 2013, son excédent brut d’exploitation a baissé de 11 % et ses bénéfices ont même chuté de 53 %. Tendance à contre-courant de la croissance du chiffre d’affaires qui signe, lui, une croissance supérieure à 4 %.
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