L’or blanc malgré l’or noir

Si le pétrole a supplanté le coton au palmarès des exportations, le Tchad n’a pas pour autant renoncé à cette culture. Même si la filière souffre de la chute des cours mondiaux.

Publié le 17 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Le pétrole n’a pas détourné le Tchad de son agriculture, et encore moins du coton, même si celui-ci ne représente plus la première recette à l’exportation. Le pays demeure l’un des principaux producteurs d’or blanc au sud du Sahara, se situant à la troisième place derrière le Burkina et le Mali. Toutefois, depuis plusieurs années, la situation intérieure du pays et celle du marché international ont eu des répercussions négatives sur la filière. De 207 000 tonnes en 2004-2005 et 182 000 en 2005-2006, la production de coton-graine est tombée à 152 000 tonnes au cours de la campagne 2006-2007 pour des recettes situées à 43 milliards de F CFA et une capacité de traitement globale de 230 000 tonnes. Une baisse qui découle de la diminution régulière du prix d’achat aux producteurs au cours des trois dernières campagnes. En 2006, le kilo de coton premier choix se vendait 160 F CFA, contre 190 F CFA deux ans auparavant. Malgré le financement et la prise en charge des intrants par l’État, les revenus des cotonculteurs sont régulièrement revus à la baisse.

Comptes détériorés
Et les paysans tendent de plus en plus à se détourner de la culture. Ce contexte est aggravé par la situation dans laquelle se trouve depuis plusieurs années le principal acteur de la filière : la CotonTchad. Chargée depuis sa création en 1971 d’acheter, de transformer et de commercialiser la fibre, la société accumule les déficits et connaît une crise de confiance. Comme la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT), dont la privatisation est attendue pour 2008, la CotonTchad manque de compétitivité et sa gestion conduit à des retards récurrents dans le paiement des campagnes. Pour ne rien arranger, les confusions financières avec l’État sont fréquentes. « Les comptes n’ont cessé de se détériorer alors même que les cours étaient favorables », explique un observateur. Tous les acteurs en conviennent : des évolutions sont nécessaires. Parce que la fibre participe largement à la formation du produit intérieur brut et a un impact direct pour 2 millions de personnes, les autorités entendent ne pas laisser péricliter la compagnie et tentent de trouver les formules les plus appropriées qui permettraient de sauvegarder l’outil industriel et la logique de filière intégrée. L’importance de cette filière a d’ailleurs incité le Tchad à intégrer le groupe des quatre pays producteurs au sud du Sahara dénommé « Coton 4 » ou « C4 », qui entend défendre les intérêts des cotonculteurs africains face aux régimes des subventions (notamment américaines) auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais, sur le plan national, le principe d’une privatisation de la CotonTchad s’est très vite imposé. La Banque mondiale a ainsi financé plusieurs études afin de proposer différents scénarios de désengagement de l’État tout en incitant le gouvernement à se séparer préalablement de la branche huilerie-savonnerie.
En 2002, la société des Huileries-Savonneries basée à Moundou et auparavant rattachée à la CotonTchad a été vendue. Parallèlement, le programme de privatisation de la société mère a été lancé. À la suite du Forum de N’Djamena en septembre 2004, une feuille de route a été adoptée et deux repreneurs ont été finalement retenus sur les neuf initiaux. L’opération devait aboutir en 2007, mais le processus connaît de nombreux retards.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires