Le « roi de trèfle » court toujours

L’ancien numéro deux du régime de Saddam Hussein échappe une nouvelle fois à la police et confirme son rôle prépondérant dans la coordination de la résistance sunnite.

Publié le 17 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Coordonnateur d’une vingtaine de factions, laïques ou islamistes, de la résistance irakienne, Izzat Ibrahim al-Douri, 65 ans, ancien vice-président du Conseil de commandement de la révolution (CCR), a de nouveau échappé à la police irakienne, appuyée par une milice locale antisalafiste. L’opération s’est déroulée dans le village de Sada al-Nouaïm, dans la banlieue de Tikrit (capitale de la province de Salah ad-Dine) à 180 km au nord de Bagdad. L’homme le plus recherché d’Irak (10 millions de dollars promis par la Coalition pour tout renseignement menant à sa capture ou à sa neutralisation) a eu vent, à la dernière minute, de la descente et a quitté précipitamment sa planque. Les forces de sécurité irakiennes ne sont cependant pas revenues bredouilles de Sada al-Nouaïm. Le fugitif et ses compagnons n’ont pas eu le temps de « nettoyer » la maison qui leur servait de QG. Ordinateurs, téléphones satellitaires Thuraya et divers documents ont été récupérés. Une mine de renseignements pour les limiers de la Coalition. Parmi ces documents, des lettres d’allégeance à Douri envoyés par les chefs des différents groupes armés et un plan de la prison de Badouch, à Mossoul, cible d’une attaque en mars 2007, avec à la clé une spectaculaire évasion de détenus, dont celle du neveu de Saddam Hussein. Mais aussi des procès-verbaux de réunions confirmant le rôle prépondérant de Douri dans la création, en octobre 2007, d’une coordination entre les différentes factions de l’insurrection sunnite. On a également retrouvé dans un véhicule un sac contenant plus de 250 millions de dinars irakiens (environ 200 000 dollars), des armes légères, des lunettes de vision nocturne
L’échec de cette nouvelle opération pour éliminer le « roi de trèfle », selon le jeu de cartes représentant les hauts responsables du parti Baas publié en mars 2003 par l’armée américaine, entretient le mythe Izzat. D’une santé fragile (on le dit atteint d’une leucémie), l’ancien vice-commandant territorial du Baas, chargé des provinces Nord, donne non seulement le tournis à ceux qui le traquent mais organise la résistance, planifie les attentats contre l’armée américaine, coordonne l’action des différentes factions et fait de la politique. Il rédige des communiqués au lyrisme révolutionnaire dans le plus pur style de Saddam, en les saupoudrant d’une pincée de sémantique fondamentaliste. Il se démarque des salafistes d’Al-Qaïda sans toutefois condamner leurs attentats contre les civils, chiites ou sunnites. Sa zone d’influence englobe la turbulente province de Diyala, l’insoumise Salah ad-Dine. De la frontière iranienne aux abords de la Syrie, des limites du Kurdistan aux portes de Bagdad, Douri est devenu un symbole encombrant pour l’occupant américain et ses supplétifs irakiens. Son entourage et sa famille sont régulièrement soumis à des interrogatoires. Son épouse, sa fille aînée ou encore le fils de son médecin traitant ont été arrêtés. En vain. Le « roi de trèfle » court toujours.

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