L’aigle à deux têtes

Medvedev président, Poutine Premier ministre : le « ticket » gagnant pour la présidentielle de mars 2008.

Publié le 17 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

La désignation de Dmitri Medvedev (42 ans), premier vice-Premier ministre de Russie, comme héritier de Vladimir Poutine démontre que le Kremlin a fait le choix de la continuité. Et que l’actuel président n’a pas renoncé à exercer le pouvoir, en coulisse ou par procuration, après l’élection présidentielle du 9 mars 2008 – dont l’issue ne fait évidemment aucun doute. Le 11 décembre, le souhait exprimé par Medvedev de nommer Poutine à la tête de son futur gouvernement le confirme.
Ancien chef de l’administration présidentielle et proche collaborateur de Poutine à l’époque (le début des années 1990) où ce dernier était maire-adjoint de Saint-Pétersbourg, Medvedev pourrait difficilement être plus proche de son patron, dont il a toujours été le fidèle subordonné. Il n’a semble-t-il jamais appartenu ni aux services de sécurité (qu’il s’agisse du KGB soviétique ou, aujourd’hui, du FSB) ni au complexe militaro-industriel. Il n’est pas ce qu’on appelle ici un siloviki, à l’inverse d’un Serguei Ivanov, son grand rival pour la succession à la tête de l’État, qui fut membre de la division internationale d’élite du KGB et, tout dernièrement, ministre de la Défense.
Medvedev appartient au clan pétersbourgeois, d’où sont issus tous les principaux réformateurs économiques de l’équipe au pouvoir. C’est un représentant de « l’entreprise Russie », avant tout préoccupé de la défense des intérêts économiques de son pays. Il n’est pas obsédé par l’insécurité et s’abstient de toute manifestation de nationalisme outrancier. Gazprom, le groupe énergétique d’État dont il est le PDG, est le parfait exemple de cette nouvelle Russie.
À court et moyen terme, on cherchera sans doute en vain la moindre différence entre le futur président et son prédécesseur, tant dans le domaine de la diplomatie que dans celui de la politique intérieure. Mais Medvedev est un homme jeune – il a cinq ans de moins que Poutine lors de son accession à la présidence, en 2000 – et ses propos ont toujours été plus mesurés. Il n’a ni l’agressivité ni les réflexes défensifs qui distinguent un ancien membre du KGB. Mais à plus long terme, s’il parvient à sortir de l’ombre de Poutine, son style différent pourrait déboucher sur une politique elle aussi différente.
Élu président, Dmitri Medvedev devra s’efforcer de représenter toutes les factions du Kremlin, y compris les siloviki. Comme il n’est pas l’un d’entre eux, il peut paraître moins dangereux à tous les autres. Lorsqu’il était premier vice-Premier ministre, son principal centre d’intérêt était la politique intérieure

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