La fibre optique pour relier les hommes

La très vive concurrence que se livrent les deux opérateurs privés de téléphonie mobile, Celtel et Tigo, donne des idées à Sotel, l’opérateur historique, qui vise lui aussi ce créneau. Et mise sur le développement de nouvelles technologies.

Publié le 17 décembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Le Tchad a beau figurer au rang des pays les plus pauvres du monde, il n’en est pas moins un marché prometteur pour les télécommunications. Dans un pays où plus de 70 % de la population vit en zone rurale, le gouvernement s’est donné pour priorité de permettre l’accès au téléphone fixe au plus grand nombre. La Société des télécommunications (Sotel-Tchad) a été créée par l’État en mai 2000 pour mettre en uvre cette politique. Son programme pour la période allant de 2003 à 2007 prévoyait de porter le nombre d’abonnés au fixe de 13 400 à 92 000. Il est question de faire passer la densité téléphonique de 0,17 à 1 ligne pour 100 habitants. Pour les 630 agents de la Sotel, l’enjeu est aussi de rattraper la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne, qui se situe à 0,75 ligne pour 100 habitants.

Un réseau en devenir
Le secteur des télécommunications évolue à pas de géant. Le projet pétrolier de Doba, au Sud, a permis à la société Esso-Tchad de poser des câbles de fibre optique le long de l’oléoduc qui évacue le brut jusqu’au port de Kribi, au Cameroun. Un réseau qui doit être géré par la Sotel, sous conditions d’accord avec le Cameroun et de mobilisation des capitaux nécessaires à la construction des terminaux et autres infrastructures indispensables à son exploitation. France Télécom, qui arrive un peu tardivement sur le marché tchadien, a signé avec Sotel une convention qui prévoit la réalisation d’une étude de faisabilité sur le raccordement de N’Djamena et des autres villes tchadiennes à la fibre optique.
Sotel gère également le réseau Internet du pays à travers sa filiale Tchadnet, qui a le monopole de la fourniture d’accès depuis sa création en 1997. Cependant, le marché le plus dynamique est sans conteste celui de la téléphonie mobile. L’engouement des ménages pour le téléphone cellulaire s’explique essentiellement par le manque de voies de communication. Le mobile permet de raccourcir les distances. D’autant que le pays s’étend sur plus de 1 million de km2, explique-t-on au ministère des Postes et des Nouvelles Technologies de la communication. Malgré la faiblesse du pouvoir d’achat, les ménages s’équipent en appareils dernier cri. Ainsi, de 1 000 abonnés en 2000, année d’attribution de la première licence GSM, on est passé à 1 million d’abonnés en 2007, selon Issa Ahmed Dinguess, secrétaire général du ministère en charge des Télécommunications.

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Croissance à trois chiffres
Deux opérateurs se partagent le marché. Celtel Tchad, filiale du groupe koweïtien MTC, exploite une licence de téléphonie mobile depuis le 28 octobre 2000. L’opérateur compte plus de 700 000 abonnés, emploie 260 salariés et verse chaque année à l’État environ 10 milliards de F CFA (15,24 millions d’euros) d’impôts. Son concurrent, Tchad Mobile, détenu par l’égyptien Orascom, a cessé ses activités en 2003 à la suite d’un redressement fiscal. Et Celtel s’est retrouvé en situation de monopole. Non content de récupérer les clients de Tchad Mobile, il en a profité pour recruter une partie de son personnel le mieux formé. La situation a perduré jusqu’à l’arrivée, en 2005, du deuxième opérateur, à capitaux suédois, Tigo, au grand soulagement des consommateurs. Le nouveau venu s’est vite imposé, à la grande satisfaction du groupe Millicom International Cellular (MIC), son propriétaire : Tigo Tchad a enregistré en 2007 une croissance de 117 %.
De son côté, Sotel n’entend pas laisser ce marché à fort potentiel de croissance aux deux opérateurs privés. Grâce à son partenariat avec France Télécom, l’opérateur envisage de lancer une troisième licence de mobile appelée Salam. Le nouveau réseau exploitera la technologie du CDMA, utilisée aux États-Unis et présentée comme plus efficace que le GSM. L’opérateur public s’active également à l’implantation de son tout nouveau téléphone fixe sans fil Tiwali, fruit d’un partenariat avec l’entreprise chinoise ZTE, lancé en mai dernier.

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