Kpatcha out !
Très attendue depuis la nomination, le 3 décembre, de Komlan Mally au poste de Premier ministre, l’annonce de la composition du gouvernement nommé le 13 décembre par Faure Gnassingbé a toutes les apparences d’une clarification en bonne et due forme. Sinon d’un coup de théâtre.
Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Kpatcha Gnassingbé, le frère cadet du chef de l’État, est en effet limogé. Le ministère dont il avait la charge est rattaché à la présidence de la République. Aucun titulaire du poste n’est pour l’instant désigné. Avec la reprise en main de l’armée, dont Kpatcha lui disputait le contrôle, Faure met ainsi fin à la sorte de dyarchie qui s’était installée au sommet de l’État. Les deux frères entretiennent depuis longtemps des rapports complexes, voire conflictuels (voir J.A. n° 2445). Désormais, un seul héritier Eyadéma est au pouvoir.
L’équipe ministérielle est par ailleurs sensiblement resserrée et passe de 34 à 21 membres. À l’heure de la reprise de la coopération avec les bailleurs de fonds internationaux, le choix a été fait de responsabiliser les ministres, dans un souci d’efficacité et d’évaluation des performances. Les ministres délégués disparaissent. Plusieurs départements sont regroupés au sein de superministères, comme celui de l’Économie et des Finances, à la tête duquel Adji Ayassor est maintenu.
Le pouvoir togolais entend également démontrer que le refus d’entrer au gouvernement de l’opposition parlementaire – l’Union des forces de changement (UFC) et le Comité d’action pour le renouveau (CAR) – n’a nullement contrarié la volonté d’ouverture de Faure Gnassingbé. Léopold Gnininvi, de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), reste ainsi au gouvernement et se voit même offrir une promotion : en dépit de son échec aux législatives du 14 octobre, il accède à un ministère de « souveraineté » – les Affaires étrangères, en l’occurrence. De même, Cornélius Aïdam, le vice-président de la Convergence patriotique panafricaine (CPP), de l’ancien Premier ministre Edem Kodjo, fait son entrée au gouvernement comme ministre de la Communication.
Pour le reste, les gardiens du temple restent bien en place, qu’il s’agisse de Pascal Bodjona, l’influent directeur de cabinet promu ministre d’État chargé de l’Administration territoriale, de Gilbert Bawara, maintenu à la Coopération, ou du colonel Atcha Titikpina, qui conserve la Sécurité.
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