Courrier des lecteurs

Publié le 17 décembre 2007 Lecture : 7 minutes.

Calixthe a des convictions
– J’ai lu avec intérêt l’article portant sur le différend entre Calixthe Beyala et Michel Drucker (J.A. n° 2246). J’ai rencontré cette écrivaine il y a un peu plus de dix ans à Paris, à l’issue d’un meeting de soutien à Harlem Désir. Je me rappelle avoir longuement discuté avec elle. Elle m’a fait bonne impression : une personne qui avait des idées à faire valoir, des convictions à défendre, avec cette passion qui ne la quittait pas du début jusqu’à la fin de notre conversation. Depuis, nous ne nous sommes plus revus. Mais je n’ai eu de cesse de suivre à travers les médias ses apparitions et ses prises de position. L’on peut penser ou dire ce qu’on veut de Calixthe, mais on ne peut pas lui reprocher de ne pas assumer sa féminité ou de ne pas s’être pas battu en France pour la défense des intérêts de ses surs et frères noirs.
Je regrette et déplore la situation qui lui est faite. D’autant que, par ailleurs, Michel Drucker est un animateur télé dont j’apprécie le professionnalisme.
Yadji Sangaré, Montreuil, France

Pour la dignité de l’Afrique
– Bravo à François Soudan pour son article « Mugabe, héros ou tyran ? » (J.A. n° 2447). Je suis un de ces nombreux Africains admirateurs du «Vieux Héros» qu’est Mugabe. Je l’admire non pour la façon dont il gère son pays, car le Zimbabwe va mal, mais pour le combat qu’il mène pour la dignité de l’Afrique.
Mugabe traduit bien les sentiments de véritables fils d’Afrique qui voudraient mettre fin à l’humiliation. Combien de « princes » africains sont accueillis en Occident avec honneur et reçoivent la note du « bon élève » seulement parce qu’ils assurent longue vie au néocolonialisme.
Mugabe est un héros. Son combat et sa résistance ne seront compris par beaucoup qu’après sa mort. Mais il aura réveillé une conscience et une lutte que personne ne pourra plus freiner.
Louis Bira, Yaoundé, Cameroun

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Soyinka le sage
– C’est avec un intérêt réel que j’ai lu l’interview de Wole Soyinka (J.A. n° 2446). Sa définition du rôle de l’écrivain – « [] dévoiler les injustices », « décrire l’horreur et exprimer sa révolte » – et surtout les raisons de son refus de s’engager en professionnel dans la politique ont particulièrement attiré mon attention. En effet, comme il le laisse entendre, ne nous trompons pas de vocation. Que l’écrivain demeure écrivain ; le prêtre, prêtre ; le chanteur, chanteur, etc. Le mélange des genres ou le passage d’un genre à un autre dans la majorité des cas ne constitue pas une entreprise heureuse. Les batailles politiques de ceux qui se contentent (faute de vocation pour l’action partisane) d’exercer un magistère moral aboutissent toujours même si leur influence n’a pas l’efficacité matérielle et immédiate de celle du boulanger. Telle est je crois la leçon du sage Soyinka dans cette interview.
Juste Joris Tindy-Poaty, Poitiers, France

Mugabe, un héros africain
– J’espère que vous me rendrez cette justice d’enfin publier ce que je vous écris depuis des mois et que la conférence Afrique-Europe à Lisbonne ratifie : Robert Mugabe est un héros africain, un symbole que vous ne pouvez diaboliser, car les peuples d’Afrique sont là pour juger.
Monsieur Wade a dit merde et s’est cassé. Monsieur Mbeki a sèchement remis à sa place madame Merkel. Tous les deux pour défendre, au nom des chefs d’État et des peuples africains, la politique de monsieur Mugabe. Le Royaume-Uni n’a pas respecté sa parole. Monsieur Mugabe a redistribué les terres aux Africains. Que vous le diabolisiez ne fera qu’accroître sa popularité : en Afrique, nous aimons et avons besoin d’hommes qui se lèvent pour dire merde à l’ancien colonialiste et actuel pillard. Comme Sékou Touré. Comme Hissein Habré.
Qu’enfin les chefs d’État africains prennent leurs responsabilités de manière aussi claire est une nouveauté à saluer.
Pap Sarr, Paris, France

Néo-con ou néo-Coué ?
– Quand on voit la réaction du président Bush à la publication du rapport de ses propres services secrets sur le nucléaire civil iranien, on peut se dire que le chef de l’exécutif américain est soit un vrai néo-con, mais sans le préfixe, soit un néo-Coué.
Ferré dans sa logique, il ne se rend même pas compte qu’en désavouant publiquement la CIA, dont hier il vantait la fiabilité des informations pour livrer la guerre à l’Irak, il décrédibilise du même coup cette agence. Mais surtout, partisan de la méthode Coué, il veut forcement faire coller la réalité a ses lubies. Le problème que cela pose au reste du monde, c’est que cet homme est très dangereux, y compris pour nous autres Africains qui n’avons pas encore fini de doter tous les foyers de lampes-tempête. Alors le nucléaire On peut toujours se consoler en pensant que les peuples n’ont que les dirigeants qu’ils méritent.
Cyprien Kibangou, Abidjan, Côte d’Ivoire

Retraite méritée
– C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai appris le départ à la retraite de Béchir Ben Yahmed. Je tenais à rendre hommage à l’un de ceux qui ont permis à la presse africaine de se faire un nom sur la place parisienne et même au-delà.
Par son geste, il prouve aux yeux de tous que la retraite n’est pas une sanction, encore moins une fatalité. Qu’il sache en profiter. C’est mérité.
Jean-Francis Belibi, journaliste, Mutations, Yaoundé, Cameroun

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Vivre, c’est se souvenir…
– De retour d’un périple asiatique, prenant connaissance de l’éditorial de Béchir Ben Yahmed annonçant son retrait de la direction du journal (n° 2440), je voudrais m’associer à tous les anciens qui lui ont manifesté leur émotion et leur estime.
« Vivre, c’est se souvenir ». Je ne saurais oublier que Jeune Afrique a toujours été pour moi un précieux document qui m’a accompagné depuis le début de ma page africaine, il y a maintenant plus de trente-cinq ans.
Dans toute entreprise, une succession est toujours lourde d’incertitudes. Nous sommes reconnaissants à BBY d’avoir su mettre en place une relève dynamique, motivée et compétente. Et, comme on dit en Afrique, le Vieux se retire pour méditer et apprécier son uvre, mais pas pour abandonner la maison.
Jacques Lang, professeur d’université émérite, Avosnes, France

À la gloire de Poutine
– Tout est sous contrôle à l’ère du « poutinisme ». Des médias aux appareils d’État jusqu’à la jeunesse militante des « Nachis » (« les Nôtres ») embrigadée comme à l’époque soviétique, en passant par une campagne à l’américaine financée par l’oligarchie, rien n’a été laissé au hasard pour transformer les élections pour le renouvellement de la Douma en référendum pour ou contre Poutine.
Avec une opposition réduite au silence au sens propre comme au figuré, le seul adversaire que Poutine et son parti Russie unie pouvaient craindre était l’abstention. Avec près de 60 % de taux de participation et plus de 63 % de sièges à la Douma, la victoire devient un plébiscite à la gloire du maître du Kremlin.
Ali Darhlal, Talence, France

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La France est dépassée
– Fidèle lecteur de Jeune Afrique, je me permets de faire remarquer à François Soudan que le problème qu’il soulève (voir J.A. n° 2445, « Doudou l’imprécateur ») dépasse, à proprement parler, les personnes de messieurs Diène et Sarkozy. La vérité est bien simple, mais pour l’instant l’image n’est pas claire, surtout dans la tête des Européens : toute l’Afrique regarde devant et ailleurs ; en particulier, l’Afrique francophone regarde vers la Chine, l’Inde, les pays du Golfe et les Amériques.
La France est dépassée et n’a plus les moyens de ses ambitions. Le groupe Bolloré a perdu le marché à conteneurs du port de Dakar au profit de Dubai Ports World (DPW) et cela est resté au travers de la gorge de Sarko, qui est, comme on le sait, un grand ami de Bolloré ; la sortie de crise en Côte d’Ivoire s’effectue à Ouaga et non à Paris ou Marcoussis, et je ne parle même pas de l’affaire de L’Arche de Zoé.
Africain francophone passé d’abord par des universités françaises, j’ai eu l’impression que la France ne voulait pas de moi. Aux États-Unis, en cinq ans, j’ai obtenu ma carte de résident (Green Card), ensuite la nationalité américaine et enfin le PhD dans une grande université de Californie.
Croyez-moi, je ne suis pas le seul, je connais beaucoup de jeunes Africains qui suivent mes pas comme j’ai suivi ceux de Cheick Modibo Diarra.
Issa Jarju, Boston, Massachusetts, USA

Et l’écologie ?
– François Soudan écrit dans son « Editorial » du n° 2446 : « Si J.A. s’écrit en français, ce n’est pas par choix, mais par hasard historique. » Heureux hasard, dis-je. Parce que le français est une très belle langue, très poétique et parfaitement adaptée à son époque. J.A. et tous les francophones ont pour mission de l’enrichir et de la faire évoluer. La langue française n’est-elle pas notre butin de guerre, comme disait feu le père de Nedjma ?
Je demande à François Soudan et à ses collaborateurs de créer une rubrique « Ecologie et Nature » qui montrerait les richesses naturelles (sites, flore, faune, parcs nationaus) de l’Afrique et les enjeux du développement durable.
Permettez-moi d’inaugurer la rubrique avec cette photo. Elle montre le fleuve Gambie qui traverse majestueusement le parc national sénégalais du Niokolo-Koba.
Dr Samir Doghri, El-Mourouj, Tunisie

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