Banques : la modernisation en voie d’achèvement

La cession de la BTK, signée le 17 décembre, marque la fin du processus d’assainissement du secteur. Prochaine étape : l’ouverture à l’international.

Publié le 17 décembre 2007 Lecture : 3 minutes.

La libre circulation des biens industriels, qui entre en vigueur le 1er janvier 2008, permet à la Tunisie de franchir une nouvelle étape vers la création d’une zone de libre-échange avec l’Union européenne (UE). Si les services, notamment bancaires, ne sont pas concernés dans l’immédiat, les négociations devraient intervenir rapidement. Et si elles se déroulent comme prévu, la libre concurrence bancaire deviendra effective en 2009, ou, au plus tard, en 2011 – par ailleurs date-butoir retenue pour la mise en place de la convertibilité totale du dinar.

4,7 % du marché en 2012
Les grandes manuvres dans le secteur bancaire ont déjà commencé dans cette perspective. Le 17 décembre, le groupe mutualiste français de la Caisse d’épargne (GCE) devait officialiser un partenariat stratégique et majoritaire avec la Banque tuniso-koweïtienne (BTK), résultat d’un appel d’offres international lancé dans le cadre de sa privatisation (voir encadré). L’établissement français a d’importantes ambitions pour sa nouvelle filiale : il souhaite notamment multiplier par huit son niveau de concours de crédits à la clientèle et lui permettre d’atteindre une part de marché de 4,7 % à l’horizon 2012. L’événement fait par ailleurs figure de tournant : les participations étrangères dans le capital des banques de dépôt tunisiennes sont désormais plus importantes que celles de l’État ou des privés locaux
En prenant possession de BTK, GCE devient aussi la troisième grande banque française à posséder une filiale en Tunisie. Il rejoint BNP Paribas, qui détient 50 % du capital et 60 % des droits de vote de l’Union bancaire pour le commerce et l’industrie (UBCI), et la Société générale, qui possède, depuis 2002, 52 % du capital de l’Union internationale de banques (UIB). Autre conséquence : sept des plus grandes banques de dépôt tunisiennes sont, désormais, des filiales de banques privées étrangères. Outre les français, sont notamment présents des intérêts marocains dans Attijari Bank – l’ex-Banque du Sud, passée en 2005 sous le contrôle du consortium hispano-marocain Santánder-Attijariwafabank -, américains (Citibank Tunisie) et arabes (Arab Banking Corporation, ABC, et Arab Tunisian Bank, ATB). Six autres comptent, par ailleurs, des participations étrangères sans prise de contrôle dans leur capital. Quatre d’entre elles font partie des plus importantes banques de la place : la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT, participation étrangère à hauteur de 28 % du capital), la Banque de Tunisie (BT, 27 %) – première en termes de qualité d’actifs -, la Banque de l’habitat (13 %) spécialisée dans l’épargne et le crédit logement et la Société tunisienne de banque (STB, 8 %) – première en termes de volume d’actifs. Neuf banques étrangères disposent, quant à elles, de bureaux de représentation à Tunis. La Banque d’affaires de Tunisie (BAT), qui a conseillé les gouvernements tunisien et koweïtien dans la privatisation de la BTK, relève que les participations étrangères dans le capital global des banques tunisiennes sont passées de 16,1 % en 2001 à 29,2 % en 2004 et à 35 % à la fin de 2006. À l’inverse, dans le même temps, l’actionnariat étatique, majoritaire avec 33,6 % en 2001 et 36 % en 2004, est désormais minoritaire, avec une part de 30 % fin 2006.

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Trois banques publiques
Cette montée en puissance de l’actionnariat étranger conforte le pays dans son ambition de devenir une place financière à l’échelon régional. Dans cette perspective, plusieurs privatisations devraient encore intervenir dans les prochains mois. Quatre ex-banques de développement à capitaux mixtes devenues commerciales sont notamment concernées (voir tableau ci-contre). À terme, l’État ne sera majoritaire que dans trois établissements, qui restent parmi les plus importants du pays : la STB (53 % du capital aujourd’hui), la Banque nationale agricole (67 %) et la Banque de l’habitat (58 %). Reste à savoir si elles garderont leur leadership dans un environnement de concurrence accrue.
Dans cette perspective, les pouvoirs publics ne cessent d’améliorer le cadre légal du secteur pour l’adapter aux standards mondiaux. Les efforts portent notamment sur leurs ratios de gestion prudentielle, afin qu’ils atteignent les niveaux requis par les normes internationales Bâle I et Bâle II. L’exercice n’est pas simple. À titre d’exemple, la part des créances classées (impayées) dans le total des engagements des banques tunisiennes est actuellement de 19 % en moyenne, alors que l’objectif est de la ramener, dans un premier temps, à 15 % en 2009, le ratio requis devant se situer, à terme, à moins de 10 %. Seule la Banque de Tunisie, avec 7 % de créances classées, le respecte actuellement.

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