Tokyo la frénétique

À la découverte d’une jungle urbaine où chaque quartier revendique son originalité.

Publié le 14 novembre 2003 Lecture : 3 minutes.

Tokyo est une jungle. Une jungle urbaine de 12 millions d’habitants, 30 millions en incluant les villes de la périphérie, Yokohama, Kawasaki, Chiba. Une jungle parfaitement inoffensive, où le taux de criminalité est le plus faible du monde. On peut s’y promener sans risque, même à une heure avancée de la nuit. Cela tombe bien : la vie ne s’arrête jamais. Bien. Mais où aller, que voir ? Inutile de chercher la trace de monuments historiques ou même de quartiers ayant conservé un « cachet d’époque » : il n’y en a plus.
Détruite une première fois en 1923, par le terrible séisme du Kantô, Tokyo a été presque rasé par les raids de l’aviation américaine, en mars 1945. Et ce qui restait de constructions boisées traditionnelles a été par la suite livré à l’appétit des promoteurs immobiliers. Hormis le Palais impérial, fermé au public sauf un jour dans l’année, le voyageur à la recherche de parfums d’Orient peut se consoler en faisant un crochet par Asakusa. Le quartier populaire de l’ancienne Edo abrite le grand temple de Kannon, reconstruit dans les années 1950, et regorge de boutiques de souvenirs et de gargotes. Les amateurs de matériel hi-fi, autre spécialité japonaise, pourront s’aventurer dans le quartier électronique d’Akihabara, mais inutile de fantasmer sur la bonne affaire : Tokyo n’est pas Singapour, on ne marchande pas, et les prix ne sont pas plus compétitifs qu’en Europe. Les mordus de shopping iront arpenter les larges avenues de Ginza, le quartier ultrachic fréquenté par de belles élégantes et truffé d’enseignes de prestigieuses marques françaises ou italiennes (Bulgari, Hermès ou Chanel). Le spectacle offert par les boulevards à la tombée de la nuit vaut le détour : trottoirs encombrés de monde, flux incessants d’automobiles ne klaxonnant jamais – la politesse, à pied comme au volant, étant ici une seconde nature – et, surtout, de magnifiques perspectives illuminées d’enseignes publicitaires multicolores. Autre attraction : la façade du grand magasin Wako, situé à l’angle de Ginza Street, en face d’une des sorties du métro, constitue l’un des rares monuments de la fin du XIXe siècle encore debout.
Pour un dépaysement assuré, et une plongée dans l’univers déstructuré de la jeunesse japonaise, direction Shibuya. Maquillage outrancier, cheveux blonds peroxydés, chaussettes remontées jusqu’aux genoux, et bien sûr, l’indispensable sac Vuitton : les fashion victims japonaises ont fait de cet endroit entièrement dédié à la consommation de masse leur quartier général. Ici, sauf dans l’alimentation, on ne recule devant aucun mélange des genres. Shibuya la futuriste est un village baroque fait de « departement stores », de méga-centres commerciaux sur huit ou neuf étages, et de buildings aux proportions démesurées. Mais, à l’ombre des immeubles lardés d’enseignes publicitaires verticales, écriture japonaise oblige, un dédale de ruelles, montantes et descendantes, parsemées de « love hotels », des établissements anonymes et robotisés qui accueillent couples légitimes et adultérins pour une escapade amoureuse au coeur du quartier le plus pop de la ville. Impossible de passer à côté des temples modernes de la déesse Aphrodite : ils sont généralement signalés par des enseignes aux noms invraisemblables, comme « Hotel de Beat Wave » ou « Au pays blanc »… À quelques rues de là, Omote-Sando, une longue avenue dédiée, comme à Ginza, aux magasins de luxe : les Champs-Élysées de Tokyo. Enfin, à visiter de préférence le week-end, aux heures de grande affluence : le village d’Harajuku, reconstitution version post-moderne du San Francisco hippie des années 1960…
Autre lieu, autre esprit : les alentours de la station de Shinjuku, un noeud ferroviaire fréquenté chaque jour par 4 millions de passagers. Shinjuku est à la fois un quartier d’affaires, qui offre la plus impressionnante concentration de buildings de la ville, et un endroit de détente et de plaisirs. Restaurants, bars, bruyantes salles de jeu Pachinko, les machines à sous japonaises, et bars à strip-tease, divertissement prisé des cadres en costume-cravate, aussi travailleurs le jour que festifs la nuit. Plus cosmopolite encore est Roppongi, le sulfureux repaire des noctambules et des gaijins, les étrangers installés au Japon. Tokyo, ville électrique, déborde de vitalité et d’énergie. Difficile de demeurer indifférent.

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