Question de culture

Malgré un aspect résolument futuriste, les métropoles nippones conservent une identité forte.

Publié le 14 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

« Tokyo est cent fois plus moderne que Paris », a écrit le poète Henri Michaux dans un récit de voyage intitulé Un barbare en Asie. C’était en 1932 ! Que dirait-il aujourd’hui ? Probablement que Tokyo n’est plus moderne, mais futuriste. À moins qu’il ne déclare la ville insupportable… Il lui suffirait de monter en haut du premier gratte-ciel venu pour s’en convaincre. Du 52e étage du Sumitomo Building, par exemple, le spectacle est impressionnant. On a peine à imaginer que la vie soit encore possible dans cet enchevêtrement de béton et de verre s’étalant à l’infini. Elle l’est, pourtant.
Rue par rue, quartier par quartier, on découvre que derrière ce décor gigantesque, dans ces plis et replis, une vie en miniature bat son plein. Petites boutiques, maisons de poupées, bars étriqués et minirestaurants fleurissent comme autant de jolis bonsaïs sous les lumières électriques et les écrans géants. À deux pas seulement de la gare de Shinjuku, qui déverse en permanence son flot de passagers pour en avaler autant en provenance des centres commerciaux, on peut se perdre dans les ruelles étroites d’un quartier d’avant-guerre et y déguster toutes sortes de yakitoris (brochettes), assis au comptoir de l’une de ces gargotes qui affichent complet au sixième client. La bière Asahi y coule à flots, les noeuds de cravate sont enfin desserrés et l’atmosphère y est délicieusement enfumée. Car il y a de la schizophrénie dans l’air. À Shibuya, Roppongi ou Shinjuku, la nuit peut être aussi joyeuse et débridée que la journée a été laborieuse et disciplinée.
Par contraste, Kyoto se caractérise par son atmosphère de ville-musée. Ses avenues ne sont pourtant pas moins larges et ses buildings à peine moins hauts. Mais l’ordre y règne. L’ancienne capitale de l’Empire, miraculeusement épargnée par les bombardements américains de la Seconde Guerre mondiale, est aujourd’hui la gardienne sourcilleuse des traditions, des lieux de culte et des trésors du passé.
À Hiroshima, point de folies. Cette ville d’une propreté tout helvétique, qui s’étire le long de la rivière Motoyasu, semble célébrer chaque jour la paix dans la sérénité de ses parcs impeccablement entretenus. Une sérénité qui ne l’a pas empêchée de redevenir, en un temps record, la cité la plus dynamique de la région.

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