La nouvelle mission de Sadako Ogata

Publié le 14 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Révolution culturelle en perspective à la Jica, l’agence japonaise pour la coopération internationale, chargée de mettre en oeuvre l’aide publique au développement. Cette institution, créée en 1974 et qui gère une enveloppe d’environ 5 milliards de dollars par an (4,4 milliards d’euros), avait toujours été dirigée par des diplomates. Cette année, Yoriko Kawaguchi, le ministre des Affaires étrangères, a choisi d’innover en nommant à sa tête Sadako Ogata, l’ancienne haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés. Sadako Ogata, tout au long des dix années qu’elle a passées à Genève entre 1991 et 2000 à servir la cause des réfugiés, n’a pas ménagé ses efforts. Son action, à défaut d’être toujours très efficace (Rwanda, Yougoslavie…), a eu le mérite de sensibiliser ses compatriotes aux problèmes humanitaires, et notamment aux tragédies africaines.
Professeur de relations internationales, puis doyenne de l’université Sophia de Tokyo, Sadako Ogata a gagné ses galons sur le terrain, en se rendant chaque fois sur les lieux des catastrophes. Pour beaucoup de Japonais, qui se sont depuis investis dans l’action humanitaire et le bénévolat, elle a montré la voie et servi d’exemple. Pressentie en avril 2002 pour succéder à Makiko Tanaka, ministre des Affaires étrangères du premier cabinet Koizumi, elle avait décliné l’offre. Jusqu’au 1er octobre 2003, date de son entrée en fonctions, Sadako Ogata était la représentante spéciale pour l’Afghanistan du chef du gouvernement japonais. À la tête de la Jica, elle aura pour mission de piloter la transformation de l’agence en une entité indépendante, au fonctionnement moins bureaucratique et plus transparent. Sadako Ogata aura à coeur d’y imprimer sa marque, en redéployant une partie des moyens au profit de l’humanitaire. Le discours qu’elle a prononcé à la tribune de la Ticad a été une critique à peine voilée des modalités actuelles de la coopération japonaise avec l’Afrique, qu’elle ne juge pas assez présente en première ligne, aux côtés de ceux qui souffrent. Le gouvernement japonais, à l’origine de la création d’un fonds pour la sécurité humaine doté de 170 millions de dollars, veut s’impliquer davantage dans la prévention et la gestion de ce type de crises. Il mise sur Sadako Ogata pour servir d’aiguillon dans ce domaine et dans celui, connexe, du « nation building ». La nouvelle patronne de la Jica promet d’être une interlocutrice coriace. Et certains des dirigeants africains qui l’ont rencontrée en marge de la Ticad ont déjà pu s’en rendre compte. À l’instar du Djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, rappelé à l’ordre à cause de l’expulsion massive des illégaux étrangers décidée début septembre par son gouvernement…

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