Fermiers en colère

La redistribution des terres s’éternise.

Publié le 14 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

En Namibie, le Syndicat des ouvriers agricoles (NFU) envisageait de procéder à l’occupation sauvage de plusieurs exploitations appartenant à des Blancs. Il avait en effet identifié une quinzaine de parcelles non exploitées susceptibles d’être redistribuées. Le gouvernement ayant fait savoir qu’il ne tolérerait « ni actions illégales ni décisions unilatérales », il y a renoncé, le 6 novembre. La Société nationale des droits de l’homme avait quant à elle manifesté son inquiétude. Selon Alfred Angula, le secrétaire général du NFU, il ne s’agissait pas de « saisies », mais d’un simple « partage des terres ». À ses yeux, il n’était donc pas question de faire de la Namibie un nouveau Zimbabwe.
Si le NFU a fait machine arrière, c’est officiellement pour ne pas gêner les négociations en cours sur les conditions de travail des ouvriers agricoles. Mais ce n’est que partie remise. « Nous protestons une nouvelle fois contre la lenteur de la mise en oeuvre du programme de redistribution des terres », a insisté Angula. Systéma-tiquement mise en avant par les fermiers noirs depuis l’indépendance, en 1990, cette revendication a été relancée par la politique agraire menée depuis deux ans par le président zimbabwéen Robert Mugabe. « Il est vrai que le processus est lent, mais le gouvernement est déterminé à régler la question de manière juste et légale », indique-t-on à Windhoek, où, depuis le lancement de la réforme agraire, en 1991, on s’efforce de privilégier le principe « vendeur consentant-acheteur consentant ».
Directement visées par les velléités « redistributrices » du président Sam Nujoma : les 192 fermes laissées à l’abandon ou sous-exploitées par leurs propriétaires étrangers (allemands et sud-africains, pour l’essentiel). Soit, au total, 1,25 million d’ha. En douze ans, le gouvernement n’est parvenu à faire l’acquisition que d’une centaine d’exploitations commerciales – soit 600 000 ha – pour le prix global de 11,5 millions de dollars. Sur les 260 000 fermiers namibiens « en attente de terres » recensés au début des années 1990, seuls 30 000 ont obtenu satisfaction. Pour expliquer la lenteur du processus, les autorités mettent en avant les prix excessifs demandés par les fermiers blancs, « peu enthousiastes » à l’idée de se défaire de leurs terres. Ceux-ci déplorent, pour leur part, les « contraintes financières » auxquelles le gouvernement est confronté.
Quant aux militants du NFU, ils soulignent qu’en Namibie comme au Zimbabwe, la question agraire est d’abord affaire de chiffres : les fermiers blancs (6 % de la population) possèdent environ 30 millions d’ha de terres, contre 2 millions d’ha pour les fermiers noirs. Comment ces derniers pourraient-ils ne pas être exaspérés par la perpétuation d’une injustice aussi flagrante ?

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