Du Mahathir sans Mahathir
Le nouveau Premier ministre entend poursuivre l’oeuvre du Dr M.
Après vingt-deux années d’un règne sans partage, Mahathir Bin Mohamad peut se targuer d’avoir fait de la Malaisie l’un des tigres les plus prospères de l’Asie du Sud-Est. À preuve, le revenu annuel par habitant est passé de 2 320 dollars à son arrivée aux affaires, en 1981, à 8 920 dollars aujourd’hui. À part Singapour, aucun pays en développement n’a enregistré une telle progression.
Cet incontestable succès tient au climat économique que le docteur Mahathir a réussi à instaurer, en favorisant notamment l’émergence d’une classe d’entrepreneurs et la création de petites entreprises. L’ancien Premier ministre a su également encourager la communauté malaise à rivaliser avec la minorité chinoise, véritable fer de lance économique du pays, tout en préservant l’harmonie entre les différentes ethnies.
Mahathir laisse donc à son successeur Abdullah Ahmad Badawi un pays en bonne santé. Et ce en dépit d’un style autoritaire – la Malaisie est le pays le plus répressif d’Asie du Sud-Est après le Myanmar et les pays communistes (Laos, Vietnam, Cambodge et Corée du Nord) – et de quelques erreurs stratégiques. Son programme d’industrialisation, par exemple, fondé sur une politique nationale de l’acier et sur la construction automobile, a été un échec particulièrement coûteux – ainsi que l’avait prédit la Banque mondiale.
Reste à savoir comment Badawi, qui a promis de poursuivre l’oeuvre et les « objectifs 2020 » de son maître, valorisera ces acquis. Et s’il parviendra à éradiquer la corruption et le clientélisme, deux fléaux dont le mahathirisme n’aura pas réussi à se débarrasser.
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