Charles Taylor « wanted »

Publié le 17 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Il coule des jours tranquilles dans une confortable villa située dans la station balnéaire de Calabar, au sud-est du Nigeria, et, du coup, on l’avait presque oublié. Mais voilà que Charles Taylor, l’ancien dictateur du Liberia, revient sur le devant de la scène. Le 7 novembre, le Congrès américain a offert pour sa capture une prime de 2 millions de dollars. N’a-t-il pas été, au mois de juin 2003, inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par le Tribunal spécial des Nations unies pour la Sierra Leone ? Cette somme s’ajoute aux 5 millions de dollars déjà alloués par les parlementaires au secrétariat d’État dans le cadre du budget 2002. Dans le même but, bien sûr…
Taylor figure désormais en bonne place sur la liste des hommes les plus recherchés par les États-Unis, mais à une distance respectable d’un Saddam Hussein ou d’un Oussama Ben Laden, dont les têtes ont été mises à prix pour, respectivement, 25 millions et 27 millions de dollars. Au palmarès de la barbarie, en revanche, il n’a rien à envier à personne : pendant plus de dix ans, il a mis le Liberia et toute la région à feu et à sang.

Au regard de la loi américaine, Taylor est un fugitif. Au milieu des années 1980, accusé par Samuel Doe, le dictateur libérien de l’époque, d’avoir détourné près de 1 million de dollars de fonds publics, il avait trouvé refuge aux États-Unis, il avait été appréhendé et incarcéré dans une prison du Massachusetts. L’année suivante, il s’en était mystérieusement évadé.

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Cette soudaine surenchère jette un froid sur les relations entre les États-Unis et le Nigeria. Certes, les autorités d’Abuja ont tendance à trouver leur hôte quelque peu encombrant – il continue de tirer les ficelles de la politique libérienne et abreuve de conseils ses anciens partisans, à partir de son téléphone portable -, et elles ont dû le rappeler à l’ordre à plusieurs reprises. Mais c’est pour elles une affaire de souveraineté. L’un des porte-parole du président Olusegun Obasanjo a carrément qualifié les méthodes américaines de « terrorisme d’État ». Du coup, la sécurité a été renforcée autour de la résidence de Taylor à Calabar… Le paradoxe est que les Américains ne peuvent s’offrir le luxe d’une détérioration de leurs relations avec le Nigeria, l’une des têtes de pont de leur diplomatie en Afrique. Et, accessoirement, l’un de leurs principaux fournisseurs d’hydrocarbures.

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