La VRP à la bannière étoilée

Karen Hugues doit vendre l’image de Bush et sa politique.

Publié le 17 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

Curieux poste que celui de Karen Hughes : « sous-secrétaire d’État à la Diplomatie publique » américaine. L’ancienne journaliste de télévision, née à Paris, est devenue une sorte de commerciale itinérante qui vante les mérites de George W. Bush. Elle le connaît depuis plus de vingt ans et l’a aidé à devenir gouverneur puis président. Lui la considère comme sa plus influente collaboratrice et « apprécie ses conseils et son amitié ».
En mars 2005, Bush lui confie une mission délicate : redorer le blason des États-Unis dans le monde. Son premier voyage, fin septembre, la conduit cinq jours durant en Égypte, en Arabie saoudite et en Turquie. Elle y fait preuve d’une remarquable aptitude à manier la langue de bois, mais aussi d’un certain ethnocentrisme.
Devant une école, elle s’exclame : « Quel bel endroit, où les enfants peuvent jouer et apprendre des choses merveilleuses, comme la langue anglaise. » Quant à son opinion sur les indépendantistes kurdes du PKK… elle les compare aux terroristes d’al-Qaïda. Qu’un Saoudien lui déclare « nous sommes en train de vous dire que nous haïssons l’Amérique », elle répond que beaucoup de gens lui disent aimer ce beau pays. Et quand on lui demande pourquoi les États-Unis ont attaqué l’Irak, puisque aucune arme de destruction massive n’a été trouvée, elle riposte : « L’Irak est tout de même beaucoup mieux sans Saddam Hussein. »
Mme Hugues se révèle réellement à l’occasion d’un discours devant un parterre de Turques. La « maman qui travaille » ne cille pas lorsqu’une auditrice fait remarquer que des enfants irakiens meurent à cause des États-Unis. Elle revendique ensuite plus de liberté pour les femmes musulmanes « qui n’ont pas le droit de passer le permis de conduire dans certains pays ». L’assistance se rebelle. « Et si on n’a pas envie de conduire ? » Une femme déclare même que « si nous devons changer, ce n’est pas à vous de nous dire comment ». Une autre s’estime « insultée par ce qu’elle entend ».
De ce voyage, la sous-secrétaire d’État à la Diplomatie publique tirera un rapport pour son boss le président. Elle estime avoir « ouvert le dialogue, même si ces gens ne sont pas forcément d’accord avec nous ». On n’est plus à un euphémisme près.
George W. Bush, qui n’a jamais été aussi déconsidéré dans son propre pays, aurait tout intérêt à se méfier, puisque Karen Hugues est celle qui a façonné son image politique. Cette VRP de luxe peut-elle réussir à l’étranger ce qu’elle ne maîtrise pas à l’intérieur ?

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