Success-stories à la béninoise
Ils ont monté leur entreprise dans la finance, le marketing, la mode, la télévision ou l’informatique. Des paris audacieux, remportés avec succès.
Joseph Mahoutin Aklé, Com’ un homme heureux
À 39 ans, le patron de l’agence Sudcom, spécialisée en marketing opérationnel et communication globale, n’en finit pas d’étendre sa toile. Depuis qu’il a quitté Télécel Bénin pour lancer, avec quelques amis, sa propre compagnie en 2010, l’aventure Sudcom est une success-story. L’entreprise connaît une expansion rapide.
Déjà implanté au Bénin, au Togo, au Burkina Faso et au Niger, Joseph Mahoutin Aklé espère s’installer rapidement en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Mali. Avec des clients aussi prestigieux que Nestlé, Airtel, Asky Airlines ou Unilever, les perspectives de croissance de la compagnie semblent prometteuses. Le défi porte essentiellement sur l’embauche « de jeunes Africains ambitieux prêts à adhérer à notre projet d’entreprise », insiste Joseph Aklé, considéré comme « un homme très pressé » par ses collaborateurs. Ce dernier explique le modèle choisi pour assurer le développement de son agence : « Une fois que nous avons décidé de nous positionner sur un marché, nous identifions un jeune ayant une bonne connaissance de notre domaine d’activités. »
Le jeune devient associé et cogérant de la filiale. Une équipe est alors envoyée depuis le siège pour apporter son expérience et répondre immédiatement aux requêtes des clients. « Notre ambition est de créer, à long terme, un groupe présent dans l’ensemble de la sous-région, avec des managers ayant une vision commune », conclut le directeur général.
Francis Agbado, l‘amour du risque
Voilà maintenant plus de quinze ans que Francis Agbado écume le secteur bancaire et financier en Europe et en Afrique. Parti de Cotonou à l’âge de 8 ans pour vivre en France avec sa famille, c’est à Paris qu’il fait ses études d’expert-comptable et démarre, dans la foulée, sa carrière en tant qu’auditeur financier chez EY (ex-Ernst & Young). Il découvre le monde de la gestion du risque et accompagne de nombreux investisseurs internationaux dans leurs projets africains.
Après un rapide passage chez le consultant Valtech, spécialisé dans le conseil aux banques françaises d’investissement, il décide de rentrer au pays en 2008. « Ici, les opportunités sont plus nombreuses, avec de réelles possibilités d’apporter de la valeur ajoutée à vos clients », estime Francis Agbado depuis son bureau de Cotonou.
Du rêve à la réalité, il n’y a qu’un pas vite franchi par ce Béninois de 37 ans, qui fonde sa propre structure, Fourtrust, quelques mois à peine après son retour. à la fois société de conseil financier et d’investissements focalisés uniquement sur l’Afrique, Fourtrust compte quelques noms prestigieux dans son portefeuille, comme Orabank ou Bank of Africa (BOA). L’entreprise, qui compte aujourd’hui une trentaine de salariés, conseille aussi les investisseurs étrangers qui font leurs premiers pas sur le continent.
Hervé Djossou, Monsieur Sagas Africa
Réunir douze jeunes cinéastes ouest-africains en résidence à Cotonou et produire douze courts-métrages après trois mois de formation et de coaching : voilà le défi lancé par Hervé Djossou, journaliste devenu réalisateur de cinéma et patron de la maison de production Belimage Studio. Ce quadra a fait les beaux jours de La Chaîne 2 (LC2), qu’il intègre au début des années 2000 à la faveur de la fin du monopole des ondes à Cotonou.
Journaliste-présentateur, il tient le 20 Heures avant de fuir vers d’autres horizons, « par lassitude », explique-t-il aujourd’hui. Une envie qui le pousse à créer Belimage Studio pour, assure-t-il, « fournir aux chaînes de télévision des productions nationales » et réduire ainsi leur dépendance à l’égard des productions extérieures.
« L’Afrique doit créer ses propres images et se réapproprier ses canaux de diffusion » : tel est le leitmotiv du réalisateur. En 2010, il produit sa première série télévisée, Comme chez nous, qui sera diffusée sur les chaînes locales. L’intrigue s’inspire de la vie quotidienne et la série bénéficie de la présence de quelques grands noms du cinéma béninois, tels que Carole Lokossou, Gérard Hounou ou Ignace Yechenou.
Le succès est immédiat auprès d’une audience sevrée depuis longtemps de séries TV couleur locale. Il récidivera dès 2013 en produisant la saga Ministre, réalisée par Ignace Yechenou. Mais Hervé Djossou ne se contente pas de produire, il veille aussi à transmettre son art aux nouvelles générations par le biais du programme Coaching Court qu’il a monté, il y a quelques années, à l’intention des jeunes d’Afrique de l’Ouest. « Nous voulons les aider à progresser dans le cinéma en les outillant et en produisant leur premier court-métrage », explique le créateur de cette résidence, parrainée par le cinéaste burkinabè Gaston Kaboré.
Maxime Akplogan, Programmé pour gagner
Ne jamais lâcher prise ! Ancien karatéka, capitaine de l’équipe nationale pendant une dizaine d’années, Maxime Akplogan soutient à bout de bras et de francs CFA sa petite entreprise, MA-Info, qui, en 2012, a bien connu la crise. C’est en 2000, après des études réussies en France, que cet informaticien accompli rentre au pays, à l’âge de 23 ans, pour monter son entreprise avec deux amis.
Leur objectif : faciliter la distribution d’équipements informatiques auprès du grand public béninois. L’essai est vite transformé, puisque MA-Info réalise un chiffre d’affaires de 300 millions de F CFA (458 000 euros) dès son premier exercice.
Le temps d’une fusion de quelques mois avec l’un de ses principaux concurrents pour former Microland Informatique et Maxime Akplogan reprend sa liberté. Et la compagnie son nom initial, ainsi que ses dettes. Plusieurs gros contrats signés avec les bureaux locaux de l’OMS, de l’Union européenne ou des bureaux de coopération allemande permettent de renflouer les caisses. Même si les difficultés surgissent à nouveau, nul doute que Maxime Akplogan trouvera la parade.
Lolo Andoche, L’empereur du prêt-à-porter
Qui a dit que mode africaine et prêt-à-porter ne faisaient pas bon ménage ? Certainement pas Lolo Andoche, de son vrai nom Charlemagne Andoch Amoussou, styliste et créateur de la marque qui porte son nom, qui, depuis près de vingt ans, s’en est fait une spécialité.
« En Afrique, chacun a son couturier, et beaucoup pensent que le prêt-à-porter est réservé à une certaine classe de la population, que c’est un luxe, explique-t-il. Mais, aujourd’hui, on constate que les gens ont de moins en moins le temps et l’envie d’aller voir le tailleur du coin, notamment parce qu’il y a un risque que la tenue soit ratée. »
C’est en 1993 que Lolo Andoche lance sa marque et son entreprise. à 23 ans, il démarre avec deux machines à coudre et deux assistants. Celui qui a quitté l’école en seconde pour se consacrer à l’apprentissage de la couture va tout apprendre sur le tas : gestion des finances et des ressources humaines, communication…
Son créneau ? Les chemises pour homme, « type casual, occidental, à deux tons ou avec des mélanges de tissus », créées en grande quantité. Il habille d’abord ses amis artistes ou journalistes, puis commence à se faire un nom, notamment en Afrique centrale. En 1999, il est invité à participer au show annuel de la célèbre marque de textile hollandaise Vlisco. L’année suivante, il est nominé aux Kora Fashion Awards. Si bien que sa clientèle croît et se diversifie.
Aujourd’hui, à 44 ans, Lolo Andoche est à la tête d’une entreprise qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 150 millions de F CFA (environ 230 000 euros) et emploie 70 personnes. Ses créations, vendues en moyenne 20 000 F CFA pièce, sont distribuées dans ses trois boutiques (dont une au Togo) et dans une dizaine de points de vente du pays – des supermarchés et des hôtels.
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