Bénin : la filière coton poursuit sa reprise

Pour rendre ce secteur plus performant, le gouvernement est à la manoeuvre. Sa stratégie : achat d’intrants, remodelage des structures de production et exigence de qualité.

Au Bénin, environ 325 000 familles dépendent de la filière coton. © Ahmed Ouaba/Panapress

Au Bénin, environ 325 000 familles dépendent de la filière coton. © Ahmed Ouaba/Panapress

Fiacre Vidjingninou

Publié le 10 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

Le Bénin respire. La campagne cotonnière 2013-2014 s’annonce fructueuse. En effet, « la récolte devrait s’établir à 350 000 t de coton-graine contre moins de 230 000 t l’année dernière », précise fièrement Fatoumata Djibril, la ministre de l’Agriculture, qui se félicite du travail de terrain accompli ces derniers mois « pour mobiliser et sensibiliser les cotonculteurs, en leur expliquant que plus rien ne sera comme avant ».

Reprise

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underline;" class="jcepopup">JA2785p084 infoLe gouvernement semble vouloir poursuivre la reprise en main de la filière, entamée lors de la campagne précédente après l’affaire Talon. Les bonnes performances prévues sont d’ailleurs dues en grande partie aux dispositions prises par les pouvoirs publics pour acquérir et distribuer dans des délais opportuns des intrants agricoles [graines, engrais, pesticides]. Simultanément, la mise en place des structures faîtières, réunissant producteurs, égreneurs et distributeurs, commence à porter ses fruits.

« Notre bataille, cette année, consistait surtout à atteindre un niveau de qualité rémunérateur pour notre fibre ; et nous sommes en passe de gagner ce pari tout en augmentant nos volumes de production », s’enthousiasme Idrissou Bako, directeur général de la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra), l’organisme public chargé de la collecte et de l’égrenage du coton.

De façon plus générale, c’est l’ensemble des acteurs de la filière coton qui s’inquiète des hésitations de l’État.

Le secteur attend un bond de 30 % du tonnage de fibre récoltée alors que le coton béninois reste correctement valorisé sur les marchés extérieurs. De quoi satisfaire les 325 000 familles qui dépendent de cette filière cruciale pour l’économie du pays. De facto, le coton représente 40 % des entrées de devises, quelque 13 % du PIB les bonnes années et près des deux tiers du tissu industriel national.

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Autant dire que les huileries, notamment, devraient accueillir avec soulagement cette reprise de la production, après le « raté » de la saison dernière, lorsqu’une commercialisation tardive de certains stocks de graines avait provoqué leur pourrissement.

Les triturateurs tirent d’ailleurs la langue en attendant les compensations promises par le gouvernement, mais les 150 000 t de graines prévues cette année devraient lubrifier les rouages de la machine.

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Privatisation

De façon plus générale, c’est l’ensemble des acteurs de la filière qui s’inquiète des hésitations de l’État, aujourd’hui seul véritable gestionnaire et décisionnaire. À commencer par le dossier brûlant du zonage, promis pourtant depuis longtemps au secteur privé. Et ce d’autant que le modèle a été retenu. Il s’agit d’appliquer au Bénin la formule qui avait tant réussi dans les années 1950 à la Compagnie française pour le développement des fibres textiles (CFDT) en Afrique de l’Ouest, lors des privatisations réalisées au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire.

Pour passer la main, le gouvernement prévoit un découpage par zone, constitué autour d’usines d’égrenage et géré par des opérateurs privés. Un document de réflexion titré « La nouvelle gouvernance de la filière coton au Bénin » a également été élaboré et sert de base de travail avec les professionnels. La date d’une éventuelle privatisation est toujours maintenue pour l’année 2015.

Cependant, de nombreux observateurs doutent de la réelle volonté des pouvoirs publics de mettre en place un mode de gestion qui les priverait de toute mainmise sur le secteur. C’est peut-être pourtant le prix à payer pour voir le coton béninois retrouver les sommets qui étaient encore les siens il y a une dizaine d’années. Le pays produisait alors plus de 400 000 t d’or blanc à chaque campagne.

On sort les tracteurs

Bien décidé à soutenir le développement de l’agriculture dans son pays, le président Thomas Boni Yayi vient de lancer la construction d’une unité de montage de matériel agricole à Ouidah, à 40 km à l’ouest de Cotonou. Les différents modules de l’usine viennent d’être réceptionnés d’Inde, dont le gouvernement a accordé une ligne de crédit de 15 millions de dollars (10,9 millions d’euros) au Bénin pour financer ce projet.

Construits également sous licence indienne, les premiers tracteurs devraient sortir de la chaîne en juin 2014. À plus long terme, l’usine de Ouidah devrait également produire des remorques, des charrues ainsi que des pulvérisateurs. Une seconde usine de montage similaire devrait voir le jour avant la fin de cette année dans le nord du pays à Banikoara, ville cotonnière.

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