Bénin : au rendez-vous des surfeurs

Depuis deux ans, l’internet et la téléphonie mobile sont en plein essor. Les infrastructures s’améliorent, sur un marché dominé par MTN et Moov.

Au cybercafé La Psicine, quartier du Cinquentenaire à Porto-Novo, Bénin. © Valentin Salako/JA

Au cybercafé La Psicine, quartier du Cinquentenaire à Porto-Novo, Bénin. © Valentin Salako/JA

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Publié le 10 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

Depuis 2002, le Bénin est connecté au câble sous-marin de fibre optique Sat-3 et bénéficie donc d’un réseau à haut débit. Mais les infrastructures ne suivent pas. Afin d’accroître le taux de pénétration de l’internet et de réduire de 60 % le tarif des offres des fournisseurs d’accès, l’État a lancé de nouveaux travaux d’équipement en fibre optique en juillet 2012.

Grâce à un crédit de 35 millions de dollars (près de 25,3 millions d’euros) qui lui a été attribué par la Banque mondiale, le pays va s’arrimer à un second câble sous-marin. Les travaux, en cours de réalisation dans le cadre du Programme régional d’infrastructures de communication de l’Afrique de l’Ouest (Warcip), devraient s’achever en 2017. En attendant, les Béninois ont bien du mal à surfer.

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« La mascotte de l’internet au Bénin devrait être une tortue avec un frein à main. Tantôt ça marche, tantôt ça ne marche pas… Pourtant, c’est sur les côtes béninoises qu’atterrit Sat-3 », explique Bruno Ahongbonon, technicien en informatique à Cotonou. De fait, la plupart des pays ouest-africains voisins sont tributaires d’interconnexions passant par le Bénin pour accéder au haut débit.

JA2785p082 infoLa rupture du câble par des bateaux passant au large des côtes béninoises, en mai 2011, et un incendie de la boîte de transmission, en janvier 2012, ont d’ailleurs quasiment privé de web toute la région : dans le sillage des Béninois, les internautes togolais, burkinabè, nigériens et ivoiriens se sont retrouvés coupés du reste du monde.

Décollage

Pourtant, les capacités du pays en termes de téléphonie mobile et d’internet se sont considérablement accrues ces deux dernières années. Selon l’analyse de l’Autorité transitoire des postes et télécommunications (ATRPT), le parc des abonnés mobile a dépassé les 9,6 millions au 31 décembre 2013, soit une progression de plus de 14,5 % par rapport à 2012. Une évolution qui s’est répercutée sur l’amélioration du taux de pénétration, passé de 89,78 % fin 2012 à 96,43 % fin 2013.

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De même, le nombre d’abonnés à l’internet a été multiplié par 2,5 en un an, passant de 456 800 à près de 1,13 million entre décembre 2012 et décembre 2013. Ce décollage est en grande partie lié à l’attribution d’une licence 3G, en mars 2012, à MTN-Bénin (filiale du sud-africain MTN), puis, en juin 2013, à Moov-Bénin (filiale du Qatari Etisalat). Les deux groupes se partagent désormais la plus grosse part du marché de la téléphonie et de l’internet mobile, au détriment des autres opérateurs – Glo (filiale du groupe nigérian Globacom), Bell Bénin Télécoms (BB Com) et Libercom (filiale mobile de l’opérateur historique, Bénin Télécoms) -, qui perdent du terrain et les suivent de très loin.

Coût

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L’an dernier, les investissements dans les réseaux de télécoms au Bénin ont atteint 151 millions d’euros (contre 118,6 millions d’euros en 2012, soit une hausse de 27,4 %), dont plus de 116,7 millions d’euros réalisés par Moov et 26,47 millions par MTN. Grâce à ce « coup de booster », les utilisateurs, entreprises comme particuliers, commencent enfin à bénéficier d’infrastructures efficaces, même si la facturation au volume adoptée par les fournisseurs reste encore difficilement accessible au plus grand nombre en raison de son coût. L’abonnement à l’internet pour une puissance de 250 Mo varie en effet entre 1 500 F CFA et 2 000 F CFA (entre 2,29 euros et 3 euros) selon les opérateurs, dans un pays où plus de 35 % de la population vit encore sous le seuil de pauvreté (avec moins de 0,90 euro par jour).

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Nouveau souffle

Glo n’a développé son réseau qu’entre Cotonou, Porto-Novo et la frontière avec le Nigeria. Quant à Libercom et Bell Bénin, ils sont toujours à la recherche d’investisseurs pour donner un nouveau souffle à leurs activités grippées par un manque de stratégie de développement.

L’État a d’ailleurs fini par imposer à Libercom sa fusion avec Bell Bénin, avant le rachat de l’ensemble par le groupe français Orange. Au passage, ce dernier prendra en charge l’activité commerciale de Bénin Télécoms, comme ce fut le cas pour Côte d’Ivoire Télécom.

Depuis 2012, l’État avait refusé l’offre de Maroc Télécom d’acquérir l’opérateur historique béninois pour un montant de 26 milliards de F CFA et décidé de mettre en veilleuse le processus de privatisation. Depuis, son taux d’endettement ayant dépassé les 7 % (contre 4,4 % en 2010), Bénin Télécoms ne vaudrait plus que 5 milliards de F CFA.

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