La bonne forme du port de Cotonou

Un guichet unique plébiscité par les usagers, des opérateurs privés qui y jettent l’ancre… Le Port autonome de Cotonou est en forme : les flux commerciaux devraient croître de 7,2 % en 2014.

Le port de Cotonou, l’un des poumons économiques du pays. © Jacques Torregano/Fedephoto/JA

Le port de Cotonou, l’un des poumons économiques du pays. © Jacques Torregano/Fedephoto/JA

Fiacre Vidjingninou

Publié le 30 mai 2014 Lecture : 3 minutes.

L’année 2014 a démarré en trombe pour le Port autonome de Cotonou (PAC). Véritable poumon de l’économie béninoise, il représente chaque année 90 % des échanges commerciaux du pays et 60 % de son PIB. Chaque semaine depuis le mois de mars, les tout nouveaux porte-conteneurs de la classe Wafmax, de la compagnie maritime danoise Maersk Line, font escale à Cotonou.

Nouvelle génération

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D’une capacité maximale de 4 500 équivalents vingt pieds (EVP, unité de mesure pour les transports en conteneur), ces navires nouvelle génération, mis en ligne entre la Chine et l’Afrique depuis 2012, sont les plus gros porte-conteneurs jamais alignés sur la côte ouest-africaine.

Il fallait 52 jours pour sortir les marchandises, dorénavant tout peut se faire en 5 jours ouvrables.

Un motif de fierté supplémentaire pour le PAC, déjà récompensé par la Banque mondiale pour l’installation réussie de son guichet unique en octobre 2011. Une première pour un port africain.

« C’est certainement ce qui a décidé Maersk à choisir Cotonou pour ses escales », veut croire Samuel Batcho, directeur général de l’établissement public à caractère commercial.

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Mis en place pour simplifier les procédures et les formalités de passage des marchandises, le guichet unique permet de réduire les délais et donc les coûts pour les utilisateurs du port. « Tout change ici », confirme Ousséini Kountché, importateur nigérien de véhicules d’occasion. « Il fallait cinquante-deux jours pour sortir les marchandises, dorénavant toutes les opérations peuvent se faire en cinq jours ouvrables. De plus, les vols de véhicules à l’intérieur de l’enceinte portuaire ont totalement cessé. »

Les résultats ne se sont pas fait attendre, et le trafic a fortement progressé ces derniers mois sur les terminaux béninois. Le port a ainsi traité 7,8 millions de tonnes de marchandises en 2013, soit une hausse de 5,4 %, selon la direction portuaire, qui attend pour 2014 une nouvelle progression de 7,2 %. Ce qui permettrait au PAC de franchir la barre symbolique des 8 millions de tonnes.

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L’établissement portuaire peut compter sur le soutien de ses opérateurs privés pour accompagner la croissance du trafic. Présent sur les quais béninois depuis 2009, Bolloré Africa Logistics (BAL) ne lésine pas sur les investissements pour aménager son terminal, équipé depuis avril 2013 de deux portiques de manutention. Le contrat de concession signé pour vingt-cinq ans prévoit l’installation de deux portiques supplémentaires, « en fonction de l’évolution des volumes de marchandises », précise la direction portuaire. BAL souhaite investir plus de 200 millions d’euros sur Cotonou.

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De son côté, Maersk Line, via sa filiale locale Coman SA, construit depuis juillet 2013 un terminal de 7 ha. Et réfléchit à l’opportunité de disposer de ses propres portiques, notamment pour accompagner les augmentations de trafic de conteneurs provoquées par les escales supplémentaires des Wafmax. Ce qui pourrait représenter près de 100 000 conteneurs supplémentaires chaque année.

« C’est une véritable révolution pour la manutention locale », estime Samuel Batcho, qui compte bien voir le port en profiter pour confirmer sa vocation sous-régionale, notamment en direction des pays enclavés de la région (Niger, Burkina Faso, Mali, Tchad), ainsi que pour certaines régions du Nigeria.

Déjà, en 2013, le trafic avec Niamey avait doublé en volume grâce à la hausse des importations de produits alimentaires et de matériaux de construction. La direction du PAC attend avec impatience la construction de la boucle ferroviaire d’Abidjan à Cotonou, via le Burkina Faso et le Niger. « Un port sans voie ferrée avec son hinterland n’a aucune chance aujourd’hui », répète Samuel Batcho, qui espère récupérer du trafic, à commencer par les minerais liés aux développements miniers à venir au Niger.

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