Sarkozy se fâche

Publié le 18 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Après deux ans de guerre civile plus ou moins larvée, l’ONG Human Rights Watch (HRW) dresse un bilan accablant des exactions commises par les belligérants à l’encontre des civils centrafricains. Tout a commencé en juin 2005, après le déclenchement de la lutte armée dans le nord du pays par l’Armée populaire pour la restauration de la République et la démocratie (APRD), imitée, quelques mois plus tard, par l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR). Si la conduite des rebelles est loin d’avoir été irréprochable, celle des loyalistes a été, semble-t-il, pire encore.
HRW met en cause l’armée française, qui a fourni un appui déterminant aux forces fidèles au président François Bozizé dans leur reconquête des villes prises par les rebelles en novembre 2006. Depuis plusieurs années, Paris maintient sur place un contingent de près de quatre cents hommes, le détachement « Boali ». Mais les choses sont en train de changer. Craignant que ces unités ne soient associées aux crimes des soldats centrafricains, le président Nicolas Sarkozy a décidé, au mois de juillet, de cesser toute coopération avec la Garde présidentielle (GP). Après avoir rappelé ses instructeurs, la France demande à présent que les responsables des tueries soient poursuivis.
En février et mars 2007, les enquêteurs de HRW se sont rendus dans les zones de combats, où ils ont recueilli de terribles témoignages sur les exactions commises par les belligérants : exécutions sommaires, tortures, pillages, vols, incendies volontaires, etc. Ils ont notamment réussi à établir que 119 exécutions étaient sans discussion imputables au camp gouvernemental. Un chiffre qui ne représente qu’une petite fraction des centaines de décès attribués aux Forces armées centrafricaines (Faca). Dans le nord-ouest du pays, l’unité de la GP, basée à Bossangoa, est souvent présentée comme un véritable « escadron de la mort ». Jusqu’en janvier dernier, elle était commandée par le lieutenant Eugène Ngaïkossé, qui a depuis pris un nouveau commandement à Bossentélé. « Ni Ngaïkossé ni aucun de ses soldats n’ont eu à répondre de leurs crimes », souligne HRW.
« Après chaque attaque rebelle ou presque, racontent les enquêteurs, les Faca et, plus fréquemment, les unités de la GP débarquent dans la zone concernée, forcent les civils à fuir en tirant sur eux au hasard et brûlent leurs maisons. Les personnes soupçonnées d’être des rebelles sont arrêtées. Beaucoup sont sommairement exécutées. » Des pratiques qui semblent s’être généralisées, même à Bangui. L’Office central de répression du banditisme (OCRB), une police paramilitaire créée pour réprimer la criminalité dans la capitale, procède à des exécutions sommaires de rebelles et de bandits présumés avec une régularité inquiétante. »
Outre la France, HWR n’épargne pas l’ONU et notamment la section des droits de l’homme du Bureau d’appui des Nations unies pour la consolidation de la paix en Centrafrique (Bonuca), que dirigeait au moment des faits le Sénégalais Lamine Cissé. Composé d’une vingtaine de personnes basées à Bangui, le Bonuca semble en effet se borner au service minimum. Le seul rempart contre l’impunité semble être actuellement Luis Moreno-Ocampo, le procureur de la Cour pénale internationale. En mai dernier, la CPI a ouvert une enquête sur les crimes commis en 2002, lors de précédents affrontements entre rebelles et loyalistes.

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