L’open sky divise les opérateurs tunisiens
À un mois du troisième round des négociations avec l’Union européenne, agents de voyage et transporteurs aériens se montrent toujours sceptiques et demandent un délai de grâce pour bien se préparer à la libéralisation complète du ciel tunisien.
En négociation depuis juin 2013, l’accord de l’open sky avec l’Union européenne divise toujours les opérateurs tunisiens. Si le ministère du Tourisme et les hôtelliers espèrent vite sa signature et son entrée en vigueur, les agents de voyage et les compagnies aériennes nationales restent plutôt sceptiques. C’est le constat qui se dégage de la conférence internationale sur l’open sky, organisée ce vendredi 23 mai à Tunis, par la Fédération tunisienne des agences de voyage, la FTAV.
Concurrence
« Pour nous, l’open sky est un saut vers l’inconnu. Personne ne sait de quoi l’avenir sera fait », lance Mohammed Ali Toumi, le président de la FTAV, qui fête cette année son 50e anniversaire.
Une crainte légitime. Car s’ils réalisent actuellement l’essentiel de leur business avec les tours opérateurs, les agents de voyages pourront voire leur volume d’affaires s’effriter si la Tunisie ouvre son ciel aux compagnies européennes. « Avec les low cost, les clients n’ont plus besoin de passer par des tours opérateurs ou des agents pour composer leur voyage, puisqu’ils peuvent le fabriquer eux mêmes », explique Mohammed Moufid, ancien directeur général de l’aviation civile marocaine, venu apporter son témoignage.
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Une évolution qui menace aussi les transporteurs battant le pavillon tunisien, Tunisair à leur tête. En passe à de grosses difficultés sociales et financières, la compagnie nationale risque de s’enfoncer encore dans le rouge, si les autorités tunisiennes signent cet accord avec l’UE.
« S’il n’est pas bien préparé, l’open sky va être mortel pour Tunisair, et pour tout le pavillon national », signale Khalid Chely, directeur général adjoint de la compagnie. Et de préciser que « Tunisair n’a pas peur de la concurrence, puisqu’elle est déjà en compétiton avec les charters, mais demande juste un délai pour bien se préparer à la nouvelle donne du ciel ouvert ».
Inéluctable
Des revendications que Kamel Ben Miled, directeur de l’aviation civile et négociateur en chef de ces accords, semble prendre en compte. « L’open sky est inéluctable. Mais il se fera avec des conditions. La première, c’est la sauvegarde des intérêts nationaux », tient-t-il à rassurer. « Le pavillon national a aujourd’hui 52 % de part de marché sur le trafic aérien international. Cette part doit rester intacte », poursuit-il.
Dur, dur quand on doit se battre avec des géants mondiaux comme Easy Jet ou Ryanair. Le prochain round des négociations prévu à Tunis les 26 et 27 juin sera en tout cas décisif.
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