Mittal dans le collimateur

Un contrat entre Monrovia et le numéro un mondial de l’acier fait l’objet d’enquêtes.

Publié le 18 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

La société du milliardaire indien Lakshmi Mittal est de nouveau sous les feux de la rampe. Pour la première fois depuis des mois, il ne s’agit pas du rachat de la société luxembourgeoise Arcelor par Mittal Steel, mais de deux enquêtes menées indépendamment sur un contrat signé par la grande entreprise avec le gouvernement libérien de Gyude Bryant, en 2005. L’une des procédures est diligentée par la police anticorruption néerlandaise, le siège de la société étant basé à Rotterdam ; l’autre est le fait de l’actuel gouvernement libérien d’Ellen Johnson-Sirleaf qui passe actuellement en revue tous les engagements industriels et miniers pris par ses prédécesseurs.
En septembre 2005, en échange d’un investissement de 900 millions de dollars, le numéro un mondial de l’acier avait obtenu les droits d’exploitation de 1 milliard de tonnes de minerai de fer au nord du pays. Le contrat passé avec le Liberia avait tout d’un mariage d’intérêt réussi : la structure créée laissait 30 % des parts aux autorités du pays. Mittal s’engageait également à construire une ligne de chemin de fer reliant les mines d’exploitation au port principal et devait rénover ce dernier. Des investissements juteux pour l’entreprise, puisque le précieux minerai constitue l’une des matières premières nécessaires à la fabrication de l’acier. Tout se déroulait dans l’harmonie et la satisfaction des parties avant que les conditions de signature du contrat soient remises en cause, à la fin juin.
C’est qu’en octobre 2004, la société en pole position pour la signature de ce contrat n’est pas Mittal mais GIHL, une entreprise concurrente détenue par Pramod Mittal, jeune frère de Lakshmi. L’accord est sur le point d’être conclu, soutenu par une partie du gouvernement, lorsque Mittal Steel entre en course. Par l’intermédiaire de l’ambassadeur américain au Liberia, l’Indien obtient que le président Gyude Bryant revoie sa copie. La société réclame plus de transparence dans l’attribution de l’appel d’offres et se paie les bons offices du cabinet juridique de Varney Sherman, membre du parti du président.
En mars 2005, alors que de nombreux ministres soutiennent vivement la candidature de GIHL, certains membres du comité de délibération sont publiquement accusés de corruption. Après quelques mois de conflits, la société GIHL se retire, prétextant des raisons commerciales. Mittal Steel obtient ensuite le contrat sans grandes difficultés.
Aujourd’hui, Mittal est à son tour suspectée d’avoir graissé la patte à certains fonctionnaires. Corruption ? Pressions américaines sur un Liberia en sortie de crise ? Les enquêtes détermineront s’il y a eu pratiques douteuses. Du côté libérien, on s’inquiète. S’il s’avère que l’ancien gouvernement intérimaire ne possédait pas le mandat nécessaire pour disposer ainsi du capital national et le céder à Mittal, le contrat pourrait être remis en cause. Et, au lendemain de quinze années de guerre civile, le Liberia, désespérément en manque d’investissements, ne peut se permettre de faire fuir les entreprises étrangères.

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