L’honneur de la tribu

Publié le 18 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Visiblement, ce coup de tête asséné par Zinédine Zidane au joueur italien n’avait rien de spontané et ne relevait point de la brutalité, qui se déploie d’ordinaire sur les stades. Il s’est forcément passé quelque chose de grave entre les deux hommes pour que le capitaine français assène ainsi un coup. Délibérément, froidement, consciencieusement. On s’en doutait d’emblée, mais les explications apportées trois jours plus tard par Zidane le confirment : ce sont les insultes adressées à sa mère et à sa sur qui l’ont fait sortir de ses gonds. On touche là à ce qu’il y a de plus sacré. En se confiant à Michel Denisot sur Canal+, « Zizou » ne s’est même pas autorisé à répéter les termes précis de l’offense. Indicible. Insupportable.
Que les insultes se limitent à la famille et n’aient pas de connotation politique ou raciste ne change rien. La mère, la race c’est tout comme. Une affaire d’honneur qui appelle une riposte immédiate. Les coups et les douleurs ne se discutent pas, ils se rendent.
Soit. Mais pourquoi n’a-t-il pas attendu la fin du match pour réparer l’offense dans les vestiaires ? Parce que l’honneur blessé ignore de tels calculs, et puis, plus rien ne compte, pas même la Coupe du monde, lorsque la dignité est en cause.

A-t-il disjoncté ? Absolument pas, ses explications en font foi. Il persiste et signe. S’il considère son geste « impardonnable » et qu’il s’en excuse pour l’édification des enfants, il n’est pas question d’exprimer des regrets. À ses propres gosses, il adresse la même leçon : les mauvais gestes doivent être bannis du sport, mais on ne se laisse pas marcher sur les pieds. À propos de la personnalité de Zidane, on a parlé de « zones d’ombre ». Lui-même avoue un « côté obscur ». Son comportement tout au long de l’affaire me paraît, au contraire, lumineux. À l’évidence, cet Algérien, ce Kabyle est resté fidèle aux siens. Né en France, Français à part entière et adulé par ses concitoyens, il conserve néanmoins les préceptes moraux de son douar d’origine. En cela, il est même exemplaire – et pas uniquement pour les banlieues. À condition toutefois d’admettre que les valeurs de la tribu ne sont pas nécessairement incompatibles avec ce qu’on appelle en France les valeurs de la République.

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