La bataille des encarts
Publié le 17 juillet 2006 Lecture : 1 minute.
« Le désengagement de Gaza n’a pas mis fin à l’occupation. Cele-ci a continué sous la forme d’une domination israélienne sur les communications du territoire avec le reste du monde. Gaza a ainsi été transformé en une énorme prison à ciel ouvert », lit-on dans un encart publicitaire paru le 12 juillet dans l’International Herald Tribune. L’objectif déclaré de l’annonceur est de convaincre « l’Union européenne et ses Etats membres » d’« intervenir pour mettre fin à la grave crise israélo-palestinienne ».
Le même jour, un autre encart paru dans Le Monde répond (indirectement) au premier, à moins que ce ne soit l’inverse : « Depuis le désengagement volontaire d’Israël, en août 2005, de la bande de Gaza, plus de huit cents roquettes Qassam ont été tirées sur des villes et des villages israéliens. » Le texte, reprenant à son compte le point de vue du gouvernement israélien, poursuit : « Tant que les Palestiniens ne renonceront pas au terrorisme, aucune paix ne sera possible. »
Contrairement aux apparences, ce débat médiatique n’oppose pas des Palestiniens à des Israéliens, mais des juifs entre eux. Les premiers sont des Israéliens, membres de Gush Shalom (Bloc de la paix), organisation pacifiste militant pour la reconnaissance mutuelle et l’autonomie de chacun dans le cadre d’une solution de type « deux peuples, deux Etats ». Les seconds sont des Français, membres du mouvement Siona, une association sioniste créée au lendemain de la guerre de 1967 pour défendre dans l’Hexagone la communauté juive et l’Etat d’Israël.
Pourquoi ces deux organisations ont-elles recours à des encarts publicitaires pour faire connaître leurs opinions respectives sur le conflit israélo-palestinien ? Sans doute parce qu’aucun journal européen n’a souhaité assumer celles-ci sans restriction ni réserve. Cela traduit, par ricochet, le gouffre qui sépare aujourd’hui Israéliens et Palestiniens. Et éloigne chaque jour davantage la perspective d’une reprise des négociations de paix.
