Et le monde devint intelligible

Publié le 17 juillet 2006 Lecture : 3 minutes.

Faire connaître pour faire comprendre, expliquer pour éclairer l’actualité internationale, telle est l’ambition méritoire de La Revue pour l’intelligence du monde. Le numéro 3 (juillet-août 2006) y réussit une nouvelle fois, avec un sommaire riche des grandes interrogations qui bousculent nos sociétés : la décolonisation, marquée par la résurgence d’un passé dont la mémoire revisite l’Histoire, même si l’oubli reste inscrit dans les programmes scolaires ; la cohabitation judéo-musulmane – évoquée par Jean-Luc Allouche – née du cousinage biblique de ces deux religions, quand le Coran continuait la Torah jusque dans ses rites ; le portrait de Joseph Kabila, le président de la République démocratique du Congo – « un mystère enveloppé d’une énigme », nous dit François Soudan -, récit vif et dense des événements qui ont fait succéder à son père assassiné ce jeune homme de 35 ans, à la veille des premières élections libres organisées depuis l’indépendance ; sans oublier la « Grande interview » de Théo Klein par Hamid Barrada et Philippe Gaillard : vingt pages dérangeantes où le célèbre avocat ne cesse de plaider pour le droit des Palestiniens à un Etat et demande à Israël de se reconnaître tel qu’il est, au nom de ce constat qu’il n’est pas un pays juif, ni même le pays des Juifs…

Autre exemple, quand nos experts aboutissent à des diagnostics contradictoires. Ainsi concernant le pétrole. La crise des approvisionnements est-elle imminente (scénario catastrophe) ? Ou bien la stabilité du marché sera-t-elle assurée (scénario miracle) par les 300 milliards de tonnes de brut encore à extraire ? Si le lecteur, après l’inventaire fouillé des faits et arguments, hésite encore à trancher, La Revue lui propose le diagnostic de son spécialiste, Renaud de Rochebrune, qui dément les prévisions des optimistes et des pessimistes invétérés au bénéfice d’une réalité « intermédiaire ».
Une autre des ambitions de La Revue est d’ajouter le voir au savoir, grâce notamment à son « Portfolio » photographique, dont la succession d’images légendées nous en dit souvent plus qu’un reportage. On n’oubliera plus les poignantes photos de ces immigrants qui traversent par milliers la « Maison du diable » (le Sahara) avec l’inébranlable détermination de trouver une faille d’accès à la forteresse Europe, et dont les regards de désespérance qu’ils nous adressent illustrent tout le fatalisme de l’inhumanité contemporaine. La gageure de toute revue est de trouver le ton qui lui convient. Ici, il se situe entre le sérieux rébarbatif et la frivolité creuse : « Nous nous efforçons de concilier, remarque le rédacteur en chef Jacques Bertoin, l’approfondissement qui relève par vocation de La Revue, avec une politique éditoriale qui emprunte plutôt au magazine. » D’où l’alternance de grands sujets qui conduisent au cur des débats de notre temps, avec d’alertes chroniques de société comme l’autoportrait du chef d’orchestre coréen Myung-Whun Chung, savoureuse leçon d’art de vivre. Ou la piquante rubrique de Dominique Mataillet sur « les mots de l’actualité ». Ou encore le « Déjeuner avec » qui réunit cette fois Juliette Morillot et Pascal Lamy, le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce.

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Dans le même esprit, Jacques Bertoin et Joséphine Dedet ont voulu donner la parole, parmi tous les experts en dossiers géostratégiques, aux acteurs plutôt qu’aux commentateurs, aux témoignages d’expérience plutôt qu’aux analyses théoriques ou aux jugements de valeur. Ainsi, c’est le général Étienne Copel qui a été choisi pour enquêter sur les projets iraniens d’armement nucléaire. Pour la présentation du Musée des arts premiers, un collectionneur, Yves Créhalet, a été préféré à un critique. À ce concept original, dont il existe peu d’équivalents dans la multitude des autres publications, La Revue doit sans doute d’être déjà installée aux premiers rangs. Le quotidien informe, l’hebdomadaire commente, La Revue approfondit. Sa vocation est de dégager les composantes significatives d’un événement et de confronter les arguments qui aident à juger. En fournissant aussi le détail qui fait toute la différence Sur de nombreux thèmes de notre actualité, vous devrez ainsi votre science toute fraîche à La Revue pour l’intelligence du monde mais vous ne serez pas obligé de le dire !

La Revue pour l’intelligence du monde, bimestriel, n° 3, juillet-août 2006. En vente dans les kiosques. (France : 9 euros ; zone CFA : 7 000 F CFA ; Maroc : 90 DH ; Algérie : 500 DA ; Tunisie : 13 DT.)

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