Des ministres et des migrants

Publié le 17 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Les responsables marocains avaient la mine réjouie à l’issue des travaux de la conférence ministérielle sur la migration et le développement. À Rabat, les 10 et 11 juillet, ils ont en effet réuni plus de soixante pays africains et européens, sans parler d’une dizaine d’organisations régionales. Avec quatre ministres, la délégation française était particulièrement étoffée. L’Algérie, en revanche, a brillé par son absence.
La conférence a adopté une déclaration politique et un plan d’action visant à promouvoir une migration mutuellement profitable. Loin de se limiter au « sécuritaire », cette approche entend privilégier le développement des pays émetteurs et de transit.
Ministre française déléguée à la Coopération, Brigitte Girardin a estimé qu’il n’est plus possible de dissocier politique de développement et politique de migration. Et, de fait, l’Europe a pris un certain nombre d’engagements en ce sens. Le montant de son aide au développement va par exemple passer, en pourcentage de son produit intérieur brut, de 0,3 % à 0,7 %. Plusieurs programmes de formation et d’aide à l’investissement productif vont d’autre part être lancés. Enfin, les pays d’accueil se sont engagés à faciliter le retour des étudiants africains dans leurs pays d’origine, à limiter la fuite des cerveaux et à faciliter l’octroi de visas.
Bien entendu, la lutte contre l’émigration clandestine a été au centre des débats. La coopération policière et judiciaire étant, de l’avis unanime, une nécessité, l’Europe s’est engagée à fournir à ses partenaires africains un appui logistique et financier. Mais la répression doit être menée « dans le respect des droits et de la dignité des personnes ».
Les responsables marocains ont-ils subi des pressions pour les inciter à ouvrir des camps de rétention et à instaurer des visas pour les ressortissants des pays subsahariens ? Ils le laissent entendre tout en le démentant officiellement. Quoi qu’il en soit, il n’en est apparemment pas question. Rabat a d’ailleurs reçu un hommage appuyé pour ses efforts, qui, selon les chiffres officiels, auraient permis de réduire les flux migratoires à travers son territoire de près d’un quart.
Tout cela ne rassure pas vraiment les ONG. La FIDH et le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme estiment par exemple que « les politiques doivent garantir et protéger les normes universelles relatives aux droits des migrants et des réfugiés » et refusent par avance « toute interdiction de circuler entre les pays ». À Rabat, un sit-in a été organisé devant le Parlement pour dénoncer « l’approche sécuritaire » des participants à la réunion et « l’hypocrisie » de leurs discours sur le développement.

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