Coup de boule

Publié le 18 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Ce fut tout de même une étrange finale de Coupe du monde.
Avec, évidemment, un coup de tête quasiment historique.
Zidane, la star, le roi, l’icône, grossièrement insulté par un arrière central italien à la réputation largement ternie, se retourne, fait posément trois pas vers le Materazzi en question et lui assène un formidable coup de front sur la poitrine
Boum !
En pleine finale de Coupe du monde
Devant plusieurs milliards de téléspectateurs
Carton rouge.
Remarquable
La France ne lui en veut pas à Zinédine. Il faut comprendre disent en chur les Gaulois. C’est un « homme » le Zidane, un vrai, un bon gars des quartiers nord de Marseille. Il sait répondre. J’entends un dramaturge comparer notre héros malheureux au personnage de Iago dans Othello. Le Premier ministre et le président viennent au secours du meilleur joueur français des vingt dernières années. Même Abdelaziz Bouteflika, le président algérien, y va de son couplet viril.
Triomphe du machisme oriental : « Ah ! les Arabes, c’est bien connu, faut pas jouer avec leur honneur, l’honneur de leur mère, de leur sur et de je-ne-sais-quoi d’autre »
L’affaire progressivement se transforme en question philosophique mondiale.
Coupable ou non coupable ?
Normal ou pas normal ?
Les linguistes, les psychanalystes, les juristes, les journaux, la Fifa, tout le monde s’y met. Zizou passe à la télé, s’explique. Pendant que les trains explosent à Bombay, que Gaza et le Sud-Liban s’embrasent, que l’Irak implose
On croit rêver.
Au fond, on parle d’un coup de boule lors d’un match de foot.
Tout cela me rappelle, je l’ai dit dans mon blog il n’y a pas longtemps, la fameuse maxime qui gouvernait la politique de la Rome antique : du pain et des jeux, panem et circenses, pour que les foules se tiennent tranquilles, qu’elles oublient ce qui est vraiment important.
Cela étant dit, deux remarques tout de même.
Désolé Zizou, et c’est un admirateur qui s’exprime. L’erreur est humaine, et c’est pour cela que je vous le dis franchement. À ce moment-là, au moment du coup de boule hormoné, vous avez tout faux. Faux de vous laisser aller à la violence contre un imbécile, faux de ne plus distinguer le principal de l’accessoire, faux d’entraîner l’équipe que vous avez tant voulu sauver dans l’impasse et l’échec.
Désolé, mes amis italiens, je comprends votre joie, gagner la Coupe du monde ce n’est pas une petite affaire. Mais tout de même, les tifosi, un peu de retenue au moment où votre football s’enfonce dans un mégascandale de matchs truqués, arrangés, de dirigeants et d’arbitres véreux, de clubs tout aussi prestigieux que pourris
Voilà, le grand match en mondovision, le show planétaire est terminé.
Le héros s’est autodétruit. Les vainqueurs, délirants de fierté, s’apprêtent à affronter la justice. Et le reste du monde, chaotique et violent, vaque à ses affaires.

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