PayTop, le transfert de fonds qui mise sur les nouvelles générations

Établi en France depuis 2013, PayTop vient de lancer la nouvelle version de son site. Ce prestataire de service de transfert de fonds et de change de devise entend à son tour bousculer ce marché toujours dominé par le duopole Western Union – MoneyGram.

Publié le 22 mai 2014 Lecture : 4 minutes.

Détenu à 91% par le capital-investisseur européen Truffle Capital, PayTop est en quelque sorte le dernier né des prestataires de service de transfert international de fonds. La jeune société est issue de la fusion de plusieurs structures rachetées par Truffle Capital, parmi lesquelles Sensillo, qui avait lancé Flouss.com, et Devisea, un spécialiste du change sur internet. Un projet mené par Bernard-Louis Roques, associé fondateur de Truffle Capital.

PayTop, qui rappelle que la Banque mondiale évalue le marché des moyens de paiement internationaux à 700 milliards de dollars en 2016 contre 550 milliards en 2013, entend révolutionner ce segment qui, rien qu’en France, est estimé à 19,3 milliards de dollars. Mais l’offre de PayTop ne se limite pas aux transferts de fonds des migrants. En effet, la startup propose également un service de change en ligne avec une livraison des devises à domicile plus particulièrement destiné aux touristes français qui voyagent hors zone euro.

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À l’occasion d’un petit déjeuner, David Boucher, président de PayTop, et Philippe Coup-Jambet, directeur général, ont accepté de répondre aux questions de Jeune Afrique. Le premier a passé 20 ans de sa carrière dans le secteur bancaire et connaît bien l’Afrique pour avoir longtemps travaillé pour Attijariwafa Bank, notamment pour développer son réseau en Europe. Quant à Philippe Coup-Jambet, il a fondé de multiples startups dans le secteur des nouvelles technologies depuis la fin des années 90.

Jeune Afrique : Pouvez-vous décrire la proposition commerciale de PayTop ?

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David Boucher : Tous nos services démarrent de chez nos clients, sur internet. Le système est simple et rapide avec une facturation transparente : pour le transfert par exemple, notre tarif est de 4 euros pour tout montant inférieur à 150 euros et 8 euros pour tout transfert supérieur à ce montant. Le panier moyen se situe à 250 euros pour les transferts. Nous proposons également un service de change avec la livraison des devises à domicile en 48 heures pour lequel le panier moyen se situe autour de 600 euros. Ces deux activités contribuent à parts égales au chiffre d’affaires de PayTop. Mais nous proposons aussi un service de transfert de temps de communication en partenariat avec 350 opérateurs locaux dans plus de 150 pays.

Parlons chiffres…

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Nous avons déjà 40 000 inscrits et 3 000 transferts et opérations de change par mois ainsi que plus de 2 000 points de retrait dans une trentaine de pays. Pour le change, nous traitons une cinquantaine de devises. Globalement, nous avons enregistré des flux de 10 millions d’euros en 2013. Notre objectif : décupler notre volume d’activité en trois ans. Et, pourquoi pas, à ce moment là, envisager une introduction en Bourse.

Comment casser le duopole exercé par Western Union et MoneyGram ?

Leur force réside dans leur réseau physique, modèle qui a parfaitement fonctionné pour la première génération de population immigrée, mais avec de nombreuses contraintes : horaires et jours d’ouverture, temps d’attente aux guichets, délais de transfert, barème de tarification… Nous offrons aux deuxième et troisième générations, adeptes des nouvelles technologies web et mobile, des tarifs simples, un service immédiat et à domicile disponible 24h/24 et 365 jours par an.

Mais ils ont aussi lancé leur offre en ligne…

C’est vrai, mais cela ne constitue que 10% de leur chiffre d’affaires. Ces organismes ont une notoriété due à leur réseau. Qui plus est, ils risquent de cannibaliser leur modèle d’affaire traditionnel qui repose sur un réseau extensif et sur les premières générations de population immigrées. Mais les clients en ont assez de se déplacer et de faire la queue à des bureaux. Sans compter que leur grille tarifaire est d’une complexité incroyable et que les opérations ne sont pas immédiates !

Les clients en ont assez de se déplacer et de faire la queue à des bureaux

Vous n’êtes pas les premiers à vous y attaquer. En quoi vous différenciez-vous des structures déjà existantes telles Skrill, Xoom ou Worldremit ?

À la différence de ces opérateurs, nous avons un agrément français adapté à notre stratégie de conquête, ce qui constitue une garantie de sérieux et de sécurité pour nos clients. Propriétaire de nos systèmes d’information, nos processus de lutte anti-blanchiment ainsi que notre contrôle interne sont à la pointe de ce qui se trouve sur le marché. Ce savoir-faire technologique combiné avec la rigueur du monde bancaire en France est significatif de la spécificité de PayTop. Cela nous permet, comme par exemple dans les métiers du change, de nouer des partenariats exclusifs avec des sociétés françaises leaders du voyage en ligne telles que Voyages-sncf.com, Voyageurs du Monde et Selectour Afat et les trois leaders de la banque en ligne.

Vous comptez également parmi vos actionnaires Éric Besson, l’ancien ministre de l’Économie numérique. Quel est son rôle dans la société ?

Éric Besson détient 2,5% du capital de PayTop. J’ai rencontré monsieur Besson par l’intermédiaire de Bernard-Louis Roques. À la suite d’un voyage dans la Silicon Valley à la fin de l’année 2013 et de plusieurs échangent sur les évolutions dans le domaine des moyens de paiement ainsi que sur l’ambition de PayTop en matière d’offre innovante, on-line et globale, la société PayTop a proposé à Éric Besson d’intégrer le comité de surveillance en début d’année afin non seulement de bénéficier de sa vision stratégique, mais également en raison d’une convergence de vues sur les nouvelles technologies ainsi que sur la nécessité de la réduction des coûts en matière de flux internationaux.

Alors que l’Union européenne déverse de grosses sommes sous forme d’aide et de financement vers les pays d’Afrique, la conviction d’Éric Besson est qu’il est préférable de soutenir le développement économique de ces pays par la promotion des envois des économies des particuliers vers leur pays d’origine plutôt que par des aides publiques.

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Propos recueillis par Nicolas Teisserenc

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