Économie : relancer la machine

Publié le 17 juillet 2006 Lecture : 3 minutes.

Accusé depuis de longs mois de gérer le pays au jour le jour, Charles Konan Banny a enfin fait adopter le 15 juin le budget ivoirien pour l’année 2006 : 1 965 milliards de F CFA. Un cadre macroéconomique sans réelle surprise puisque les priorités concernent le désarmement, l’identification, le redéploiement de l’administration, l’organisation des élections et la relance économique. C’est un budget à la fois volontariste (en progression de 13,3 % par rapport à l’an dernier grâce à la hausse combinée de la production pétrolière et des cours du baril) et prudent, car il est essentiellement alimenté par les recettes nationales, soit 78,2 % des ressources. Il prévoit également le remboursement des arriérés de dette du pays à l’égard de la Banque mondiale (140 milliards de F CFA). Un préalable pour que l’institution verse les 80 millions de dollars prévus pour le DDR et pour que le FMI décaisse une première partie des 100 millions de dollars de son aide post-conflit. À la suite de la visite de la mission conjointe des experts de Bretton Woods début mai à Abidjan, le gouvernement ivoirien a lancé un emprunt obligataire de 80 milliards de F CFA. Il souhaite obtenir le complément financier par l’émission de bons du Trésor (pour 35 milliards de F CFA) et l’obtention de crédits relais (25 milliards de F CFA) sur le marché interbancaire. Certains banquiers locaux doutent de la capacité de lever tous les fonds nécessaires, car les opérateurs émettent des réserves sur la fiabilité de la « signature de la Côte d’Ivoire ».
En attendant, Banny s’efforce de rassurer les investisseurs nationaux et étrangers. En visite à Paris, en avril, il n’a pas manqué de rencontrer les opérateurs français – qui contribuent pour 50 % aux recettes fiscales du pays – et les a invités à parier sur la Côte d’Ivoire. Depuis le coup d’État de décembre 1999, la crise a entraîné des pertes économiques estimées à plus de 4 000 milliards de F CFA, l’équivalent de trois points de croissance par an. L’insécurité rampante, le racket, l’arbitraire des décisions de justice ont largement découragé les opérateurs. D’autant qu’ils n’ont pas encore été dédommagés des dégâts subis lors des manifestations antifrançaises de novembre 2004.
Les autorités ivoiriennes ont promis à la mi-juin des mesures fiscales importantes en faveur des PME sinistrées, fermées ou délocalisées, notamment les entreprises de transport. Pour relancer l’activité, elles ont aussi adopté des mesures d’incitation financière, comme la réduction de 35 % à 27 % du taux de l’impôt sur les bénéfices pour les sociétés industrielles et commerciales. Charles Diby Koffi, ministre délégué à l’Économie et aux Finances, envisage également la réduction et l’aménagement de certaines créances fiscales (arriérés d’impôts fonciers, de TVA, de contribution des patentes, d’impôts sur les bénéfices et d’impôt minimum forfaitaire dus au 31 décembre 2004). Autre mesure phare, la baisse de 14 % à 8 % du taux de la taxe sur les contrats d’assurance-maladie. Moyennant quoi, Abidjan prévoit une nette reprise de la croissance, qui passerait de 1,8 % cette année à 5,1 % en 2009. Malgré la guerre, l’outil national a été préservé. Les productions de café-cacao, d’ananas, de bananes et d’hévéa se poursuivent à peu près normalement en zone forestière. Les populations du Nord s’accrochent aux cultures du coton et de canne à sucre. Randgold, la grande entreprise minière sud-africaine, a même envoyé des équipes à Tongon près de Korhogo, dans le nord du pays, pour prévoir les modalités d’exploitation industrielle de l’or.

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