Le tabac plus fort que la peur du cancer

L’article que nous avons sélectionné pour vous cette semaine a été publié dans le n° 184.

Publié le 18 mai 2004 Lecture : 1 minute.

Les services américains des contributions ont eu peur. Après la publication du rapport Surgeon, qui dénonçait les méfaits du tabac, en janvier dernier, les revenus fédéraux constitués par la taxe sur les ventes de cigarettes enregistraient en février une chute massive de près de 21 millions de dollars. Si cette situation s’était prolongée, elle aurait privé le gouvernement fédéral de 390 millions de dollars pour la prochaine année fiscale.
L’alarme fut chaude mais de brève durée. Dès mars, les ventes remontaient et bien au-delà de leur montant de l’année précédente. Toutes les chaînes de supermarchés du pays signalaient bientôt ce retour à la normale avec une tendance marquée pour les bouts filtrants. Comme par hasard, toutes les grandes manufactures avaient lancé à temps le filtre sauveur. Il apparut donc que le rapport Surgeon répondait bien à son but : être une mine d’or pour les magnats de l’industrie du tabac en veine de renouvellement. Les ventes de cigares et de tabacs pour la pipe ont en effet, tous comptes faits, augmenté de 30 % par rapport à l’année dernière depuis que le rapport a suggéré que ces derniers tabacs peuvent être moins nocifs. Les affaires reprennent donc leur train. Il y a bien cette Commission fédérale du commerce à Washington qui exige que sur chaque paquet de cigarettes vendu à l’avenir soit imprimé un slogan prévenant les fumeurs des risques encourus. Mais l’industrie du tabac qui dépense 200 millions de dollars par an pour sa publicité n’entend pas l’orienter de cette manière. Dans sa bagarre contre les autorités, elle trouve un allié inattendu en l’Association médicale américaine. L’AMA, qui a précisément reçu 10 millions de dollars des manufacturiers pour parrainer les recherches sur les méfaits du tabac, estime que les dangers du tabac sont si bien connus des fumeurs qu’il est tout à fait inutile de leur en rebattre les oreilles. Quant aux industriels, ils ressortent le vieux refrain du tabac stimulant pour les amoureux, les hommes d’affaires, excitant social nécessaire.

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