L’enseignement du mépris

Publié le 17 mai 2004 Lecture : 1 minute.

S’il est vrai que l’homme est « bon naturellement » avant d’être corrompu par la société – comme ont voulu le croire d’optimistes philosophes -, alors il faut admettre que celle-ci travaille efficacement. Bien sûr, l’ignominie des uns ne saurait, en aucun cas, excuser l’abjection des autres. Reste, hélas ! que le comportement des forces américaines en Irak évoque inévitablement celui de l’armée française au temps de la guerre d’Algérie, comme celui des troupes serbes en Bosnie ou de la Wehrmacht en Europe de l’Est à l’époque nazie.
Car on ne parle pas ici de l’action d’unités « spécialisées », si l’on ose dire, mais de celle de simples soldats. En Algérie, de courageuses exceptions mises à part, les jeunes appelés du contingent ne furent pas les derniers à pratiquer viols et tortures ou à organiser des « corvées de bois ». De même, en Bosnie, les petits troufions de Ratko Mladic, qui se plaisaient à humilier les musulmans avant de les massacrer. Et, en dehors des tueurs des SS ou des Einsatz gruppen, c’étaient de braves pioupious allemands, des « hommes ordinaires », qui se faisaient photographier, hilares, dans les ghettos de Pologne, en train de couper la barbe de vieux juifs avant de leur faire nettoyer le trottoir avec une brosse à dents.
Faut-il alors se demander ce qu’a dans la tête une provinciale américaine de 21 ans, la private Lynndie England, en l’occurrence, quand elle s’affiche tenant en laisse un Irakien dénudé, ou ricane en compagnie de son amant, le caporal Charles Graner, devant des prisonniers irakiens qu’on a forcés de s’entasser, nus, en pyramide ? Comme les précédents, elle a subi ce qu’on a pu appeler, touchant l’antisémitisme (mais ne s’y limitant pas) « l’enseignement du mépris ». À moins, après tout, que l’homme ne soit pas « naturellement » si bon que ça…

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires