Lapin en chocolat

Publié le 18 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

Le jour de Pâques est passé depuis plus d’un mois, mais je ne résiste pas à l’envie de vous conter une histoire de lapin en chocolat. En Russie, le jeune chanteur camerounais Moudio Moukoutou Pierre Narcisse est au top des hit-parades avec une chanson façon bluette qui dit, à peu de chose près, ceci : « Je suis un lapin en chocolat et je fonds bien facilement en touchant tes lèvres… », etc. Pas vraiment une chanson à texte, mais le résultat est là : les jeunes Russes, qui ont pourtant inventé l’eau tiède en matière musicale, s’en sont entichés au point que maintenant ils appellent tous les Noirs « lapins en chocolat ».

C’est mieux que « Nègres », un mot très courant au pays du Petit Père des peuples pour désigner toutes les peaux bronzées. Car les Russes bon teint (c’est-à-dire blondinets à peau rose, genre Vladimir Vladimirovitch P.), supportent difficilement les « autres », qu’il s’agisse des minorités sibériennes comme les Sakhas ou les Komis, fort heureusement installées dans des régions reculées et employées à plein temps à élever des rennes (on se demande pourquoi), ou de ces Asiatiques du Centre, Ouzbeks, Tadjiks et autres Kazakhs, incapables d’apprécier les bienfaits de la vie en communauté et ingrats au point de ficher le camp à la première fissure du rideau de fer. Je ne parle même pas des Caucasiens, Ingouches et surtout Tchétchènes. Les pires, ceux-là, tous des terroristes qui n’ont rien compris à la volonté de pacification du plus important des blondinets.

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Bref, chez Iaroslav le Sage, tout n’est pas rose et c’est bien dommage ; chacun s’accorde à le dire sans que ça signifie forcément la même chose pour les uns et les autres… Les Africains des grandes villes comme Moscou le savent. La plupart d’entre eux sont des étudiants de l’université de l’Amitié des peuples (sic), anciennement baptisée Lumumba. Depuis la disparition du bloc communiste, elle fait ce qu’elle peut pour attirer quelque 8 000 étudiants étrangers par an, dont 2 500 Africains, qui lui permettent de conserver et son statut de première université « étrangère » de Russie et, accessoirement, ses subventions. Les conditions de vie des Noirs sur le campus demeurent spartiates. Et leur longévité en terre slave dépend de leur capacité à éviter les bandes de skinheads qui, comme partout ailleurs, adorent « casser du Nègre ». Notre chanteur camerounais a de la chance, et un porte-bonheur du nom de Valeria, 20 ans et des jambes longues comme une nuit blanche à Saint-Pétersbourg. C’est bien connu, l’amour renverse toutes les barrières.

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