Journalistes au-dessus de tout soupçon
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Adrien, 28 ans, croit rêver ce matin de février lorsqu’il franchit les portes de La Semaine. Comment lui, modeste rédacteur à La République des Pyrénées, a-t-il réussi à intégrer l’un des fleurons de la presse française ? Le piston d’un ancien condisciple de Sciences-Po y est probablement pour beaucoup. Qu’importe. Il est dans la place.
Sa joie et sa fierté seront de courte durée. Première désillusion, le niveau des débats : « J’assiste à des réunions décousues, des discussions anarchiques, où le principal objectif semble consister à tuer les idées des autres comme on flingue des zombies dans un jeu vidéo. »
Mais c’est sur les questions de déontologie que la déconvenue sera le plus sévère. Par exemple, le jour où il découvre que Mautblanc, figure culte de l’hebdo, fait retoucher ses textes par les interviewés. Ou quand le même Mautblanc se fait payer 15 000 euros par un ponte de l’industrie pour lui conseiller de se faire interviewer… par lui-même, dans un journal qui le rémunère une seconde fois !
En rédigeant ce roman, souvent fort drôle, Christine Kerdellant (une ancienne de Jeune Afrique) et Éric Meyer, qui ont travaillé l’un et l’autre dans plusieurs organes de presse parisiens, notamment au Figaro Magazine, avaient nécessairement en tête quelques-unes de leurs expériences personnelles. Certains de leurs anciens collègues se sont sentis visés. Les auteurs nient farouchement « toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé », selon la formule consacrée. Leur livre, affirment-ils, est un concentré de toutes les mauvaises habitudes de la presse. Il reste que, même poussés jusqu’à la caricature, les personnages qu’ils mettent en scène semblent plus vrais que nature.
Le Plus Beau Métier du monde, de Christine Kerdellant et Éric Meyer, Flammarion, 380 pp., 18 euros.
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