Beaucoup de bruit pour rien

Le Conseil des ministres ACP/UE, qui s’est tenu au Botswana, a évité les sujets qui fâchent.

Publié le 17 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

Trois événements au moins auraient pu rendre mémorable cette 29e session du Conseil des ministres ACP/UE, qui s’est tenu les 6 et 7 mai à Gaborone, au Botswana. En premier lieu, c’était la première réunion de cette instance depuis l’élargissement de l’Union européenne à vingt-cinq pays, et dix nouveaux États ont donc assisté à la réunion. En deuxième lieu, certains points du protocole de Cotonou – conclu en juin 2000 et régissant les relations commerciales entre les deux entités – devaient être révisés. En troisième lieu, les pays concernés devaient s’organiser pour se conformer à la volonté de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’institution internationale a en effet exigé que les préférences commerciales entre les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) et l’Union européenne (UE) disparaissent en 2008 au profit d’accords de partenariat économique (APE) plus sélectifs.
En réalité, tous les sujets qui fâchent ont été soigneusement évités pour ne pas gâcher la fête de l’élargissement.
Du 3 au 5 mai, les pays ACP avaient eux-mêmes tenu leur Conseil des ministres et préparé leur réponse sur certains points. Notamment contre l’ajout au protocole de Cotonou d’une clause de lutte contre le terrorisme et de renoncement aux armes de destruction massive (ADM). Une mesure bien dans l’air du temps, qui a fait rire jaune les délégués. Pour le Congolais Pierre Moussa, président du Conseil des ministres ACP, il conviendrait plutôt de s’attaquer « aux causes du terrorisme, notamment la pauvreté, et pas seulement aux effets ». Quant aux ADM, ajoute-t-il en riant, « il ne s’agit en rien d’un sujet ACP ».
Plus sérieusement, l’apparition d’une notion de « punition collective » dans les relations commerciales a soulevé un tollé. Le principe aurait consisté à punir toute une région économique si un seul État de cette entité avait failli aux règles instaurées par les APE. Embarrassée, l’UE, accusée de « condescendance » par un délégué kényan, a plaidé l’incompréhension et affirmé que jamais il n’avait été question d’instaurer une telle mesure. Éviter le conflit était le mot d’ordre. Les autres points, comme la budgétisation du Fonds européen du développement (FED) ou la protection des produits de base des pays ACP, ont été reportés aux prochaines réunions.
Ces deux dernières questions sont très sensibles, puisque l’élargissement de l’UE entraîne de nouvelles concurrences. Une concurrence commerciale tout d’abord : la Pologne, par exemple, produit du sucre de betterave, et donne l’appellation rhum à l’alcool qui en est tiré. Une concurrence financière ensuite, puisque l’UE doit aider ses entrants à rattraper leur retard de développement. « Il faudra bien que ce soit aux dépens de quelqu’un », a souligné un délégué gabonais. Tous ont rappelé que les dix nouveaux pays représentaient de nouveaux marchés pour les produits ACP. Et que l’aide des pays d’Europe de l’Est vers l’Afrique ne cessera pour autant. Prague, par exemple, a une tradition de coopération avec sept pays du continent, et va la poursuivre. « Cette aide intégrera l’aide globale », ont expliqué ses délégués.

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