Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 18 avril 2006 Lecture : 5 minutes.

UMA : l’homme malade de l’Afrique
– L’Union du Maghreb arabe a été créée il y a dix-sept ans. Quels sont ses résultats ? Rien, ou si peu. L’institution est bloquée par les relations tumultueuses entre l’Algérie et le Maroc. Le Polisario ne fait rien pour rapprocher Alger et Rabat, bien au contraire. L’Algérie porte une part de responsabilités, et ce depuis les années 1970. Feu le président Houari Boumedienne a certainement été mal conseillé quant à la gestion du dossier du Sahara occidental. Quoi qu’il en soit, l’édification d’une union maghrébine passe par l’axe Alger-Rabat, qu’on le veuille ou non. Un Maghreb à jamais désuni serait contraire aux aspirations des peuples algérien, marocain, tunisien, libyen et mauritanien réunis. Hélas ! depuis 1994, aucun sommet ne s’est réuni. L’UMA n’est ni plus ni moins que l’homme malade de l’Afrique.
Lakhdar Boussaha, Algérien mais profondément Maghrébin, Soyaux, France

Plaidoyer pour l’UMA
– Je suis lecteur assidu de votre hebdomadaire depuis plus de trente ans. Je vous félicite d’avoir repris votre ancien nom. Jeune Afrique restera Jeune Afrique pour tous ses lecteurs à travers le monde.
Je me permets de vous donner mon point de vue sur l’éditorial de B.B.Y. concernant l’UMA (J.A. n° 2357). Cette union a toujours existé, et c’est l’uvre de nos peuples frères. Sa consolidation et son renforcement sont nécessaires au moment où tous les pays européens s’unissent pour former un bloc homogène. L’Union du Maghreb est une réalité et doit être l’uvre de tous les États : Tunisie, Maroc, Libye, Mauritanie et Algérie. Il est de la responsabilité de chaque pays et de son gouvernement de réveiller ce corps endormi. L’UMA est comparable à un oiseau. Les deux ailes (Tunisie-Maroc) ne pourront pas voler sans tout le corps (Algérie, Libye et Mauritanie). Les fondations de cet ensemble existent, l’histoire est là pour en témoigner. Maintenant, il incombe à chaque pays de prendre au sérieux sa réalisation et son fonctionnement.
Les peuples frères n’attendent que la décision de leurs gouvernants pour plébisciter cette union. Pourquoi ne pas organiser un référendum pour convaincre les hésitants de se joindre aux autres pays acquis à cette union ?
Hadjij Mahi, Alger, Algérie

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Les femmes au pouvoir !
– J’ai beaucoup apprécié l’enquête que vous avez menée sur les femmes en politique (voir J.A. n° 2356.) Ellen Johnson-Sirleaf dirige aujourd’hui le Liberia, espérons que d’autres pays africains auront bientôt une femme à leur tête. Peut-être seront-elles capables de mieux travailler au développement du continent, car, depuis les indépendances, nous n’avons pas vu de grands progrès. Je souhaite bonne chance à toutes les femmes, l’espoir de l’Afrique est entre vos mains.
Aboubakar Hamidou-Meiganga, Cameroun

Bébés sans foyer
– Je suis un fervent lecteur de Jeune Afrique, dont je collectionne tous les anciens numéros. J’appartiens à la Jeunesse étudiante catholique universitaire de Dakar. Nous avons effectué une visite à la pouponnière des surs franciscaines de Dakar, connue pour avoir accueilli le pape Jean-Paul II lors de sa visite dans notre ville.
Bien qu’ils soient très bien soignés par les religieuses, il est évident que les bébés souffrent de n’avoir pas de véritable foyer. Il suffit de les prendre dans ses bras pour s’en convaincre. J’en appelle donc à nos dirigeants, afin qu’ils mettent en place des politiques concrètes qui permettent de lutter contre l’accroissement de cette pauvreté dont on voit les effets si désastreux sur les petits enfants. L’Afrique a besoin de sa jeunesse pour porter l’espoir. N’est-ce pas cela, la « Jeune Afrique » ?
Lionel Armand Obiang Ayemfeghe, Dakar, Sénégal

Justice pour tous
– Charles Taylor a été arrêté. Il est désormais entre les mains de la justice internationale. Mais que fait-on de tous ceux qui, comme lui, aujourd’hui et par le passé, se rendent ou se sont rendus coupables d’atrocités, de crimes de guerre ou contre l’humanité en Irak, en Afghanistan, au Vietnam, en Amérique latine ou au Proche-Orient ?
Nous sommes contre l’impunité, mais aussi pour l’égalité devant la justice, condition essentielle pour le développement de la démocratie et de la liberté dont certains croient être les chantres.
Atiock Jean, Beauval

Vision exacte de la France
– J’ai lu avec beaucoup de joie le « Post-scriptum » intitulé « Allons enfants » (voir J.A. n° 2360).
Au milieu du chaos, dans toute la presse française, je n’ai lu aucun article ou commentaire aussi pertinent et lucide. Vous avez le courage et la simplicité de dire :
– la vie est toujours précaire ;
– on ne parle pas assez d’ambition et de découverte aux jeunes ;
– l’État chiraquien est en décomposition avancée, et la gauche ne va pas mieux ;
– la France de 1968 est bien morte ;
– il faut tenir davantage compte de la mondialisation et de la montée en puissance de l’Asie ;
– le chômage stagne, et la précarité augmente si l’on refuse toutes les réformes, ce qui est le cas en France depuis trente ans !
Gérard Guitton, prêtre franciscain, Orsay, France

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Tunisie et antisémitisme
– J’ai lu avec plaisir l’article de Jeune Afrique consacré à l’hommage rendu par les universitaires tunisiens à leur collègue, le professeur Paul Sebag, cofondateur de l’université où il a enseigné jusqu’en 1977, décédé en septembre 2004 (voir J.A. n° 2359). Nous pouvons être fiers de cet homme et de son engagement pour la cause tunisienne, qui lui a valu la prison sous le régime de Vichy.
Dans son enquête sur les tentations antisémites qui touchent actuellement la Tunisie, votre collaborateur ne mentionne pas le fait que les islamistes sont de plus en plus présents à l’intérieur des facultés. Les étudiantes sont désormais nombreuses à se voiler, et un courant s’organise sous une étiquette dite « des indépendants ». Il a gagné plusieurs sièges aux conseils scientifiques lors des dernières élections.
Les slogans antijuifs proférés à l’encontre de Paul Sebag ne sont qu’un épisode dans la série de réactions orchestrées par ce courant islamiste. Nous avons vécu leur colère contre le Danemark lors de l’affaire des caricatures, et leurs positions prises contre la liberté des femmes lors de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, en disaient long sur leurs opinions.
Nous sommes les premiers à constater ce « retour de l’islamisme » en Tunisie et sommes décidés à le combattre. Mais il ne s’agit pas d’un « danger imminent » qui guette la société. Nul besoin, donc, que Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, et que Claude Matef, président de la Société d’histoire des juifs de Tunisie profitent de cette occasion pour demander aux autorités « des sanctions à l’encontre des auteurs de cet incident antisémite ».
Avant que d’être juif, Paul Sebag était tunisien, nous serons donc les premiers à le défendre.
Hamza Belloumi, Tunis, Tunisie

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