Seydou Guèye

Depuis vingt ans, ce Sénégalais est de tous les grands événements artistiques mettant l’Afrique à l’honneur en France.

Publié le 18 avril 2006 Lecture : 3 minutes.

Voilà près de vingt ans qu’il travaille à promouvoir les arts et les artistes africains en France. Dans le – petit – milieu culturel afro-français de Paris, ce Sénégalais de 42 ans est devenu une référence. Avec son partenaire de toujours, Assane Ndoye, ils sont de tous les événements d’envergure mettant l’Afrique à l’honneur. « Paris est une ville carrefour. Paradoxalement, les événements culturels purement africains sont très rares, et il n’y a toujours pas de lieux dédiés aux artistes africains », déplore Seydou Guèye. Ce n’est pourtant pas faute d’y travailler.
« L’Afrique dans tous les sens », c’était lui. Un grand festival pluridisciplinaire qui, durant six jours, faisait découvrir au public parisien les multiples facettes des cultures du continent. Habib Kouyaté, Amadou et Mariam, Cheikh Tidiane Seck et bien d’autres ont été de la partie. Mais, après six années de succès, le festival est interrompu en 2001. « Faute de moyens financiers », explique Seydou Guèye. Avec son associé et leur ancienne structure Penc-Mi, ils se sont toujours abstenus de faire appel à des aides ou à des subventions. Toutes les manifestations qu’ils ont organisées étaient entièrement autoproduites. Par souci d’indépendance.

Même sort pour deux autres grands rendez-vous africains de la capitale entre 1999 et 2002 : les festivals « Africa Folk » et « Transrythmiques ». Le premier invitait les grands artistes folks du continent à monter sur la scène de la Flèche d’or, haut lieu de la culture parisienne. Le second mettait les maîtres de la percussion tels que Adama Dramé et Mamady Keïta en vedette dans un autre endroit mythique, le Divan du monde. « On pouvait se permettre de programmer de grands noms, malgré nos petits moyens, parce qu’on avait un lien privilégié avec les artistes. Ils nous faisaient confiance. Ils voyaient que notre approche était artistique et non pas commerciale. »
Mais Seydou Guèye n’a pas dit son dernier mot. Bien au contraire : toutes ces expériences en ont inspiré de nouvelles. L’année 2006 s’annonce déjà des plus prometteuses. Avec Assane Ndoye, il a recréé une structure baptisée « Safoul Productions ». « Safoul, cela veut dire sans goût en wolof. C’est pour conjurer le sort. Au Sénégal, quand une mère perd un enfant, elle donne un « mauvais » prénom au suivant pour que les esprits le laissent vivre. »
Et Safoul se porte plutôt bien. Son cofondateur a été sollicité pour la coordination artistique et technique de tous les spectacles annexes du Forum social mondial à Bamako, en janvier dernier. Il prépare pour la quatrième année consécutive la programmation africaine du grand festival humanitaire Solidays qui réunit chaque année au mois de juillet des dizaines de stars internationales et des milliers de spectateurs parisiens pour la bonne cause : la lutte contre le sida. Et il vient de lancer son nouveau concept, « Takusaan Party », en passe de devenir le grand rendez-vous afro-parisien à la mode.
Le projet est né l’année dernière. Face à la morosité des agendas culturels africains de la capitale, le lancement d’un nouvel événement fédérateur s’imposait. « L’idée est de créer un rendez-vous thématique en rapport avec l’Afrique et de lui donner vie à travers différentes disciplines : musique, littérature, arts plastiques, mode » Un rendez-vous d’ores et déjà mensuel au Batofar, une célèbre péniche parisienne. La troisième édition a eu lieu le 30 mars 2006 et a rendu hommage à l’historien Cheikh Anta Diop à l’occasion de la commémoration des vingt ans de sa disparition. Hommage auquel ont participé des artistes comme les poètes sénégalais Amadou Elimane Kane et Ndongo Mbaye, et, dans le domaine de la musique, le Congolais So Kalméry ainsi que le Sénégalais Aliune, ancien bassiste d’Ismaël Lô. Prochain rendez-vous : le 28 mai.

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Des projets, Seydou Guèye en a à revendre. Son souhait est aujourd’hui de développer ses activités sur le continent et d’inciter ses homologues à en faire autant. « Nous avons de très bons professionnels de la régie de spectacles et de la direction artistique, au Sénégal, au Burkina Faso ou au Mali par exemple. Il faut encourager le transfert de compétences et les collaborations artistiques « Sud-Sud ». Seydou compte créer dès cette année une structure sur place afin de développer un réseau d’opérateurs culturels dans la sous-région. Mais son vu le plus cher reste encore la création d’un espace dédié aux cultures et aux arts africains à Paris. Il y travaille.

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