Regain de confiance

Nette embellie sur le front des investissements étrangers. La crise financière de 1997-1998 n’est plus qu’un mauvais souvenir.

Publié le 18 avril 2006 Lecture : 3 minutes.

Depuis que l’ancien dictateur Suharto et son économie de copinage ont sombré dans la crise financière asiatique de 1997-1998, l’Indonésie s’est donné beaucoup du mal pour se trouver de nouveaux champions. Après huit ans passés à s’extraire péniblement de la jungle des marchés financiers internationaux, le pays commence à recevoir des signaux positifs qui traduisent un net changement d’atmosphère.
Les banquiers d’affaires révisent désormais à la hausse les perspectives de la première économie d’Asie du Sud-Est, dont les marchés flirtent avec leurs sommets historiques, attirant de nouveaux investisseurs. Des sociétés qu’on croyait vouées à perpétuité au statut de parias dans le monde de la finance internationale se font à nouveau courtiser.
Même si le gouvernement du président Susilo Bambang Yudhoyono peine à mettre en uvre les réformes promises, les investisseurs disent entrevoir un avenir radieux. « L’Indonésie est de retour, déclare Sheldon Trainor, qui dirige la branche Asie de la banque d’affaires de Merrill Lynch. Nous avons atteint un point d’inflexion prometteur. Il y a dans le monde des montagnes de capitaux qui ne demandent qu’à être investis en Indonésie. »
Pour les observateurs, de tels commentaires traduisent un indiscutable changement de ton, quoiqu’il se garde bien de verser dans l’exubérance du milieu des années 1990 qui a fait de l’Indonésie et des autres « tigres » les destinations favorites des investisseurs étrangers. Après des années de pertes sèches, du fait de la crise financière, les opérateurs étrangers préfèrent aujourd’hui « regarder l’avenir de l’Indonésie plutôt que chercher à comprendre ce qui s’est passé, explique Eugene Galbraith, le président américain de Bank Central Asia. Il y a un vrai renversement de tendance ».
Trainor et d’autres disent que c’est là le résultat de quelques opérations récentes qui feront date ; par exemple l’acquisition pour 5 milliards de dollars du fabricant de cigarettes Sampoerna par Philip Morris ou encore la vente par Bumi Resources, pour 3,2 milliards de dollars, de ses actifs charbonniers à un consortium d’investisseurs locaux et étrangers. La récente résolution d’un différend entre ExxonMobil Djakarta et la société indonésienne Pertamina au sujet du grand bloc pétrolier de Cepu, dans le centre de Java, a également joué un rôle positif important.
Selon Ralph Parks, président de la branche Asie-Pacifique de JPMorgan, toutes ces affaires ont « témoigné de manière éclatante » que les opérateurs sont de nouveau prêts à investir des milliards dans une économie naguère pénalisée par le risque politique. Selon Parks, d’autres facteurs sous-tendent cette dynamique nouvelle, comme l’excès de liquidité globale et la bataille à trois que se livrent la Chine, l’Inde et le Japon pour l’accès aux ressources naturelles.
Trainor estime que le secteur des ressources naturelles est le plus attrayant. L’an dernier, Djakarta est devenu le premier exportateur mondial de charbon vapeur, détrônant Sydney, et devrait prochainement ravir à la Malaisie le titre de premier exportateur mondial d’huile de palme. L’Indonésie reste aussi à ce jour le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié.
Cet enthousiasme n’a pas encore gagné le secteur critique des infrastructures : Djakarta affirme en effet avoir besoin de 150 milliards de dollars pour le financement de centrales électriques, de routes à péage, de ports et autres infrastructures vitales. Une autre inconnue est l’étendue réelle de la réforme intervenue en matière de gouvernance des grandes sociétés.
Les économistes de Goldman Sachs ont récemment félicité le nouveau gouvernement pour « avoir envoyé les bons signaux ». Tout en précisant que « la mise en uvre des réformes sera décisive » et « que les effets en termes de croissance du PIB ne se feraient probablement pas ressentir avant 2007 ».

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