Le choix des armes

Effet pervers de la dissolution de l’armée : ses stocks se sont retrouvés dans le commerce. Et sont loin d’être épuisés.

Publié le 18 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Déjà, du temps de Saddam Hussein, l’Irak était l’un des pays les plus militarisés de la planète. Il avait fait distribuer des fusils aux membres du parti Baas et organisé des camps de vacances pour apprendre aux jeunes adhérents le maniement des armes. Sur l’une de ses photos favorites, il posait un fusil à la main.
Paul Bremer, le premier administrateur américain après l’invasion de 2003, n’a fait que confirmer les dispositions légales existantes. Tout adulte de 25 ans et plus, homme ou femme, ayant « bonne réputation », a le droit de posséder une arme, y compris le fusil d’assaut AK-47, plus connu sous le nom de kalachnikov. Comme Bremer a, d’autre part, cru bon de dissoudre l’armée irakienne, tous les stocks de celle-ci se sont retrouvés dans le commerce. Hommes et femmes – jusqu’à des journalistes, des libraires ou des informaticiens -, à peu près tous les Irakiens sont aujourd’hui armés. Et beaucoup ne se déplacent pas sans leur pistolet.
La situation a été nettement aggravée par l’attentat qui a détruit le mausolée chiite dit Askariya de Samarra, en février dernier. En bandes, que les autorités n’interdisent pas toujours, ou individuellement, les chiites agressent quotidiennement les sunnites, soupçonnés d’avoir organisé l’attentat, et les sunnites se vengent. À Bagdad, le taux d’homicides a triplé en un mois : on est passé de 11 morts par jour en moyenne à 33. Rares sont les enquêtes menées pour les élucider, et beaucoup soupçonnent certains policiers de participer aux exécutions.
Autre conséquence de l’attentat de Samarra : l’envol de la vente des armes – et de leur coût. Le prix d’un kalachnikov AK-47, dont la possession est légale, a plus que doublé au mois de mars, passant de 112 à 290 dollars. Le prix des balles à l’unité a bondi de 24 cents à 33 cents. Celui des grenades à main, dont la vente est illégale, mais qu’on peut se procurer facilement, a, quant à lui, presque doublé, de 50 dollars à 95 dollars. Le prix des armes lourdes a lui aussi augmenté, mais dans de moindres proportions. Une mitrailleuse vaut désormais 2 000 dollars, contre 1 600 auparavant.
Ces armes sont de provenances très diverses. De grandes quantités de munitions de bonne qualité arrivent de Syrie, les kalachnikovs plutôt d’Iran. Et les stocks de l’armée irakienne sont encore loin d’être épuisés.

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