Hémorragie chez les Éléphants

Pour le Mondial, les Ivoiriens devront se passer de Salomon Kalou, qui veut jouer avec les Pays-Bas, et de Johan Djourou, débauché par la Suisse.

Publié le 18 avril 2006 Lecture : 3 minutes.

Le 16 juin, au Gottlieb Daimler Stadion de Stuttgart, la Côte d’Ivoire affrontera les Pays-Bas pour son deuxième match de poule du Mondial 2006. À Amsterdam comme à Abidjan, la rencontre est très attendue, car elle pourrait opposer les frères Kalou, Bonaventure et Salomon. Si le premier a intégré les Éléphants il y a plus de six ans, son frère cadet a renoncé, en revanche, à en faire partie. Parce qu’il désire disputer la Coupe du monde sous le maillot néerlandais. Un souhait aujourd’hui pourtant bien compromis, compte tenu des difficultés rencontrées par le joueur pour obtenir sa naturalisation.
Depuis quelques mois, en effet, Salomon Kalou est au centre d’un imbroglio juridico-sportif qui fait grand bruit au pays de la reine Beatrix. Le début de l’affaire remonte à 2004. Cette année-là, Marco Van Basten, le nouveau sélectionneur national, et Foppe de Haan, son homologue de l’équipe Espoirs, projettent de convoquer pour le Mondial des moins de 20 ans, organisé en juin 2005 aux Pays-Bas, l’attaquant ivoirien du Feyenoord Rotterdam. Ils le convainquent donc de déposer une demande de naturalisation, selon la procédure exceptionnelle réservée aux ressortissants étrangers « susceptibles de contribuer de manière indiscutable à la société néerlandaise ».
Mais très vite, la démarche de Kalou se heurte à l’intransigeance de la très conservatrice ministre de l’Immigration. Encouragée par son camp politique, la coalition de centre-droit au pouvoir, Rita Verdonk, qui a assis sa popularité sur une expulsion systématique des sans-papiers et sur l’instauration de tests de langue et de culture néerlandaises pour les candidats à la naturalisation, rejette sa demande. Motif : la loi impose à un étranger cinq ans de résidence dans le pays pour obtenir un passeport néerlandais.
Kalou ne se décourage pas. Le 26 septembre 2005, il dépose une plainte contre la ministre auprès du tribunal de Rotterdam, qui rend son jugement le 9 décembre et désavoue Rita Verdonk. Cette dernière saisit immédiatement le Conseil d’État. L’arrêt de la plus haute autorité judiciaire néerlandaise tombe le 15 février dernier : la ministre de l’Intégration a six semaines pour réexaminer la demande de naturalisation de Kalou.
« S’il remplit les conditions exigées par la loi, je répondrai favorablement, peu importe la durée de son séjour ici », se contente d’affirmer Verdonk, apparemment conciliante, après la décision. Des « conditions » qui risquent pourtant d’empêcher Kalou de jouer la Coupe du monde avec l’armada orange en juin prochain. Les propos de la ministre impliquent, en effet, que l’Ivoirien repasse le fameux test de langue et de culture qu’elle a mis en place et qu’il a déjà raté une fois. Le joueur a jusqu’au 10 mai pour se soumettre à l’examen, soit cinq jours seulement avant la date à laquelle Marco Van Basten doit communiquer la liste des vingt-trois Néerlandais sélectionnés pour le Mondial 2006
Mais même s’il passe le test avec succès, Salomon risque de voir un ultime obstacle se dresser devant lui : l’obtention de son passeport, dont la validation ne devrait pas intervenir avant une réunion du Conseil d’État, probablement vers la mi-juin. Dépité, le jeune homme a adressé, le 10 mars, une lettre ouverte en hollandais à Rita Verdonk lui demandant de prendre en considération la spécificité de son cas. En vain. Il y a donc de fortes chances pour que Van Basten soit obligé de se passer des services du jeune prodige.
Salomon Kalou n’envisage toutefois pas de se retourner vers les Éléphants pour disputer la Coupe du monde. Au grand dam de l’équipe entraînée par Henri Michel, qui vient, par ailleurs, de laisser filer une autre recrue de choix : le très prometteur défenseur central d’Arsenal, Johan Djourou. Né en 1987 en Côte d’Ivoire et formé en Suisse, où il a connu son premier club, l’Étoile de Carouge, dans la banlieue de Genève, ce dernier vient de rejoindre la sélection helvète. À la faveur du départ à la CAN de son compatriote ivoirien Kolo Touré, en janvier dernier, Djourou a fait montre de tout son talent au sein de la défense des Gunners. Un talent qui n’a pas échappé au sélectionneur suisse, Kobi Kuhn, lequel s’est empressé de le convoquer au sein de l’équipe nationale. Résultat : Johan a disputé son premier match avec les Rouge et Blanc, le 1er mars, face à l’Écosse. Une nouvelle déception pour les Éléphants qui, avec le tandem Kolo-Djourou, auraient pu aligner une charnière centrale d’exception sur les terrains allemands

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