« Les Africains doivent se prendre en charge »
Rajeunissement, féminisation, recrutement Élu il y a neuf mois, le nouveau patron de la Banque africaine de développement n’a pas tardé à imprimer sa marque au sein de l’institution. Et s’en explique.
De ses racines rwandaises et des aléas d’une vie d’exil, qui l’a retenu loin des collines de son Byumba natal pendant trente-cinq ans, Donald Kaberuka a conservé une évidente prudence politique et une sainte horreur du bavardage. À preuve : l’entretien que l’on va lire est le premier qu’il accorde depuis son élection à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), il y a neuf mois. « Je ne parle que si j’ai quelque chose à dire », s’excuse-t-il dans son bureau de Tunis, au septième étage de l’immeuble qui abrite le siège provisoire de la BAD. Cet homme pressé de 54 ans au visage aimable, parfaitement à l’aise en anglais aussi bien qu’en français, en swahili et, bien sûr, en kinyarwanda, n’a pas perdu de temps pour imprimer sa marque au sein d’une banque réputée difficile à manager (un millier d’employés issus de soixante-cinq nationalités !). Rajeunissement et féminisation des cadres, remplacement de quatre vice-présidents sur cinq, recrutements sur appels publics à candidatures : le ménage ne s’est pas fait sans quelques grincements de dents, mais le successeur du Marocain Omar Kabbaj n’a pas d’états d’âme. On n’époussette pas une institution comme la BAD, quadragénaire prospère dotée de plus de 50 milliards de dollars de capital souscrit, sans sacrifier quelques bibelots obsolètes.
Né en octobre 1951 dans le nord du Rwanda, Donald Kaberuka a 8 ans lorsqu’il fuit avec sa famille les premiers pogroms anti-Tutsis. Scolarisé à Dar es-Salaam, il poursuit ses études supérieures en Grande-Bretagne jusqu’à l’obtention d’un doctorat en sciences économiques à l’université de Glasgow. Un moment trader à Londres, il ne tarde pas à regagner le continent comme conseiller auprès de l’Organisation interafricaine du café, à Abidjan. Il restera sept ans en Côte d’Ivoire, le temps de devenir l’un des meilleurs spécialistes des matières premières tropicales – et accessoirement d’apprendre le français. De retour au Rwanda après le génocide, il est nommé en 1997 secrétaire d’État au Budget, puis ministre des Finances, par le président Paul Kagamé. Le petit miracle économique rwandais (7 % à 8 % de taux de croissance annuel et une reconstruction impressionnante) lui doit beaucoup, au point de devenir un modèle de réussite postconflit. Candidat à la présidence de la BAD, il est élu le 21 juillet 2005 par 78 % des voix pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois.
Logiquement, Donald Kaberuka a donc dix ans devant lui pour donner à la Banque ce qui lui manque le plus : une vraie visibilité aux yeux des Africains et donc une vraie efficacité sur le terrain. Rendez-vous les 17 et 18 mai à Ouagadougou, capitale du Burkina, pour le voir à l’uvre lors de sa première assemblée annuelle, la 41e de la Banque.
Jeune Afrique : En tant que ministre des Finances du Rwanda, vous étiez l’un des clients de la BAD. Votre appréciation de la Banque a-t-elle changé maintenant que vous en êtes le président ?
Donald Kaberuka : Je n’étais pas seulement un client, mais un des gouverneurs de la Banque. Je la connaissais donc de l’extérieur. Après plus de quarante et un ans d’existence, la Banque est devenue une institution très forte et très saine. Elle a beaucoup fait pour le développement de l’Afrique. Aujourd’hui, elle doit s’adapter aux nouveaux besoins du continent, améliorer son efficacité, bref, être plus proche de ses clients.
Comment peut-elle faire mieux ?
L’Afrique est la seule région au monde qui risque, pour des facteurs à la fois internes et externes, de ne pas atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en matière de lutte contre la pauvreté, de santé, d’éducation. La Banque a été assainie. Elle a désormais les moyens de faire de plus gros efforts, parallèlement à ceux des pays africains en matière de bonne gouvernance et à ceux des partenaires extérieurs bilatéraux et multilatéraux.
Ne risquez-vous pas de devenir le pompier de l’Afrique ?
Il est nécessaire d’établir une stratégie commune à l’ensemble des bailleurs de fonds. Pour sa part, la Banque visera à exploiter ses avantages comparatifs. Elle interviendra là où elle est en meilleure position, là où elle peut être plus efficace. J’ai beaucoup voyagé depuis le 1er septembre 2005. J’ai visité plusieurs projets de la Banque. J’ai lancé une étude sur les avantages comparatifs de la Banque qui existent dans certains secteurs, notamment ceux des infrastructures, de l’énergie et de l’intégration régionale.
À ce jour, la Banque a financé plus de trois mille projets. Mais personne n’est capable d’en citer un seul comme modèle de réussite. Qu’allez-vous faire pour combler ce déficit de communication ?
Peu de gens savent en effet que la Banque est le premier bailleur de fonds de plusieurs pays. Elle va acquérir une plus grande visibilité grâce à la décentralisation en cours, avec l’ouverture de plusieurs bureaux nationaux et régionaux. Nous veillerons également à transformer la BAD en un centre d’excellence en matière d’analyse, de recherche et de prévisions avec la création d’un poste de chef économiste. Elle gagnera en expertise et établira un dialogue constant avec tous les pays.
Quand un pays – comme récemment le Tchad – entre en conflit ouvert avec la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international (FMI), que faites-vous ?
Pour ce qui est du Tchad, la Banque n’est pas partenaire dans le projet pétrolier. Mais aujourd’hui, nous travaillons pour que les relations se normalisent entre ce pays et ses bailleurs de fonds.
Dès votre arrivée, vous avez lancé des réformes et changé brutalement l’équipe de direction. Certains vous ont reproché d’aller trop vite
Il y avait urgence. La Banque a besoin de se doter d’un plan d’action clair, de rajeunir sa direction, de réorganiser ses structures et d’accélérer ses procédures, de focaliser ses opérations sur les nouveaux besoins de l’Afrique. En arrivant, j’ai donc mis en place une task force. Elle m’a fait un premier rapport sur l’ensemble des activités de la Banque, la décentralisation, les alliances avec les bailleurs de fonds, les ressources humaines. Mes premières propositions ont été soumises au conseil d’administration et approuvées. D’autres suivront.
Il y a plus de mille fonctionnaires à la BAD. Est-ce trop ou pas assez ?
Au vu de ce que fait la Banque, par rapport au nombre de pays dont elle s’occupe, ce ratio n’est pas élevé. La Banque interaméricaine de développement (BID), notre homologue pour l’Amérique latine, a deux ou trois fois plus de moyens que nous pour 26 pays, alors que nous, nous en avons 53 ! Nos projets sont pour la plupart de petite taille ou de taille moyenne. Ils nécessitent autant de ressources humaines que les grands. Parmi les nouvelles propositions en cours, je souhaite donc que la Banque augmente la taille de ses projets, tout en gagnant en efficacité et en utilisant au mieux ses avantages comparatifs.
Vous allez donc recruter
Tout à fait. Selon le plan d’action adopté par le conseil d’administration, il nous faudra recruter près de trois cents cadres supplémentaires dans les deux ans à venir, en renforçant le personnel des bureaux nationaux et régionaux, et en améliorant le profil des compétences. Malgré cela, nous n’atteindrons pas le ratio optimal.
L’âge moyen du personnel est de 47 ans. C’est une banque qui vieillit avec beaucoup de cadres en passe de partir à la retraite. Comment faire pour rajeunir la BAD ?
Toutes les nominations auxquelles je viens de procéder portent sur des cadres de moins de 50 ans. La situation actuelle s’explique par les recrutements effectués en 1995, avec des gens qui étaient à mi-chemin de leur carrière. Grâce aux départs à 60 ans, les nouveaux recrutements se feront en fonction des critères de compétence, mais aussi de diversité [sexe et origines géographiques, NDLR] et d’âge.
On vous a collé une étiquette : celle de candidat des Anglo-Saxons. Et le discours que vous avez prononcé uniquement en anglais le jour de votre élection n’a pas arrangé les choses. Mauvais procès ?
Écoutez, j’ai été élu avec près de 80 % des voix des actionnaires de la Banque, des francophones autant que des anglophones. Aujourd’hui, il y a des choses plus urgentes que d’exhumer ce faux clivage linguistique. Moi, je suis au service de toute l’Afrique. Je suis bilingue, mais le plus important c’est ce que l’on fait avec ses compétences, qu’elles soient linguistiques ou autres. C’est vrai que mon premier discours était en anglais. Mais mon discours d’investiture, je l’ai prononcé dans les deux langues de travail de la Banque, l’anglais et le français. J’espère que bientôt je pourrais aussi le faire en arabe, en portugais, et pourquoi pas en swahili.
Vous vous déplacez sans cesse sur le continent, avec toutes les contraintes logistiques que cela implique. Plutôt que de dépendre des vols commerciaux, pourquoi la BAD ne ferait-elle pas l’effort de vous louer des jets privés ? Après tout, vos collègues américain et asiatique y ont bien recours
Franchement, je pense que votre idée est bizarre. Je me déplace beaucoup en avion, certes, mais aussi par la route. Récemment, je suis allé du Swaziland au Mozambique en voiture. Cela me permet de voir de près les réalités de l’Afrique.
Comment exercez-vous le pouvoir à la tête de la Banque ?
Je ne conçois pas la présidence de la Banque en termes de pouvoir. Je la conçois vraiment comme un service rendu à l’Afrique. Le président de la Banque n’est pas différent des autres cadres africains qui ont la chance de contribuer au développement de leur continent.
La BAD est-elle encore une banque africaine, ou est-elle devenue une banque comme les autres ?
Il y a des problèmes africains spécifiques que les Africains doivent régler par eux-mêmes. Nous ne pourrons pas le faire seuls, mais en partenariat. Le capital de la Banque est détenu à 40 % par des non-régionaux. C’est une bonne chose. Cela nous donne une force supplémentaire et des moyens qui nous permettent de remplir notre mission. Nous sommes bien évidemment une banque africaine, comme notre nom l’indique. Notre premier avantage comparatif est d’être africain, de connaître l’Afrique mieux que les partenaires extérieurs. Mon devoir, c’est de l’expliquer.
Êtes-vous entendu par vos partenaires non régionaux ?
En tout cas, je ferai tout pour faire passer le message. Je suis persuadé que nos partenaires souhaitent entendre un langage de vérité.
Croyez-vous au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) ? L’opinion africaine, elle, est très sceptique
Si elle est vraiment sceptique, alors il faut travailler davantage pour expliquer le Nepad. Lequel ne se résume pas à un ou plusieurs projets, mais constitue la nouvelle vision d’une Afrique, qui se prend en charge. Pour la première fois, les dirigeants africains ont reconnu que la responsabilité du développement du continent incombe d’abord aux Africains eux-mêmes. Pour la première fois aussi, ils ont reconnu l’existence de problèmes de gouvernance et de conflits internes, et la nécessité d’y mettre un terme. De même pour les questions d’intégration régionale sur lesquelles ils sont convenus de travailler davantage. Cette reconnaissance, cette appropriation des problèmes s’accompagne au sein du Nepad d’un partenariat d’un nouveau type avec l’extérieur, dans des conditions renouvelées de responsabilités et d’engagements réciproques. Cette vision, valable aujourd’hui et demain, c’est le Nepad. A-t-on fait ce qu’il fallait pour convaincre les Africains et les faire adhérer au Nepad ? Je l’ignore. Ce que je sais, c’est qu’on ne doit pas prendre le risque de gâcher pareille occasion. C’est la seule option possible.
Comment mesurer, évaluer les résultats de votre action à la tête de la BAD ?
La part de l’Afrique dans le commerce international est actuellement de 2 % à 3 %. Sa part dans les investissements directs étrangers (IDE) est également de cet ordre. Il faut se battre pour augmenter cette proportion, pour faire réussir le nouveau cycle de Doha [négociations au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) – NDLR] et pour tirer profit de cette nouvelle ouverture des marchés. C’est ainsi que l’on pourra se passer, demain, de l’aide internationale. Comme l’Inde et la Chine l’ont fait avant nous. Les critères de résultats seront donc les suivants : augmentation de la part de l’Afrique dans le commerce mondial, augmentation des investissements privés en Afrique et réduction de la dépendance vis-à-vis de l’aide publique. Ces objectifs ne peuvent être atteints par la Banque seule. Ils reposent sur les efforts internes des pays africains et l’aide de nos partenaires, en sachant que cette aide, sur laquelle on se focalise aujourd’hui, est destinée à décroître.
Cette transformation sera nécessairement très longue. Elle passe par la lutte contre la pauvreté, l’éducation pour tous, l’accès à l’eau et à l’électricité, l’industrialisation
La Banque ne peut imposer le développement. C’est l’affaire des pays eux-mêmes, c’est l’esprit même du Nepad. Chaque pays se dote d’un plan national et se fixe des objectifs propres à assurer son développement. Lorsque la Banque investit dans les écoles ou les routes, elle a des buts clairs et précis quant à la contribution de ses projets au développement du secteur et à la croissance globale de l’économie. Mais elle agit dans le cadre des priorités fixées par le pays.
Que fait la BAD dans le domaine de la lutte contre la corruption et les abus de pouvoir ? Et pour promouvoir la bonne gouvernance ?
Nous appliquerons la tolérance zéro à l’intérieur de la « maison » et dans nos opérations. Notre mission est de contribuer au développement. La corruption est une gangrène. C’est un facteur qui complique la lutte contre la pauvreté. Pour ce qui est de la bonne gouvernance, qui constitue un préalable au développement, la Banque fournit son appui technique au programme d’examen par les pairs [Peer Review] au sein du Nepad.
Vous est-il arrivé de sanctionner un pays fautif ?
Les projets de la Banque sont soumis à des accords qui engagent les parties. Si les conditions ne sont pas remplies, le projet s’arrête. Mais l’objectif de la Banque n’est pas d’attendre la faute pour sanctionner, mais d’intervenir en amont et en aval pour l’éviter et continuer à travailler. Nous proposons des programmes de soutien pour la création ou le renforcement des organes de bonne gouvernance, du système de douanes, de la Banque centrale, des auditeurs Notre but, c’est que tout marche bien, que le climat des affaires s’améliore constamment. Il n’est pas normal qu’il faille aujourd’hui en moyenne cent jours pour créer une entreprise en Afrique alors qu’il en faut un seul en Australie ou en Nouvelle-Zélande.
Le secteur privé africain est le grand oublié des prêts de la Banque. Allez-vous enfin faire quelque chose ?
La Banque a, de longue date, accru ses activités en faveur du secteur privé. Mais ce n’est pas suffisant au regard des besoins. À la fin de 2004, elle a adopté et mis en uvre une nouvelle stratégie. Aujourd’hui, nous nous employons à la renforcer avec un appui important du Japon et des autres partenaires.
Certains pays africains aisés préfèrent emprunter à l’étranger plutôt qu’à la BAD. Vos conditions ne seraient-elles pas suffisamment compétitives ?
La Banque a déjà entrepris des actions spécifiques pour ces pays qu’on appelle « à revenus intermédiaires ». Des prêts en monnaie locale ont commencé, notamment en Afrique du Sud. Là aussi, nous réfléchissons à la façon de mieux servir ces pays, de leur offrir un accès aux capitaux plus compétitif, d’être plus proche de leurs besoins. Le programme est à l’étude. Il y a des possibilités d’intervention pour lesquelles la garantie souveraine [de l’État, NDLR] n’est pas nécessaire.
Vous êtes installé à Tunis, dans une agence temporaire de relocalisation. Quand et à quelles conditions la Banque réintégrera-t-elle son siège d’Abidjan ?
Les gouverneurs de la Banque ont pris la décision, en février 2003, de quitter Abidjan pour des raisons de sécurité. Nous sommes ici à Tunis depuis trois ans. Ce choix a été fait sur appel d’offres. Chaque six mois, le président de la Banque est tenu de faire un rapport au conseil d’administration sur la question du siège. Dès que la situation à Abidjan sera revenue à la normale, nous y retournerons, avec un préavis d’un an, le temps de quitter Tunis dans l’ordre. Mais tout dépend évidemment de l’évolution politique en Côte d’Ivoire. Des initiatives sont en cours pour aider les Ivoiriens à se réconcilier avec eux-mêmes et à trouver une solution rapide à la crise. Nous le souhaitons tous.
En attendant, vous restez à Tunis
Oui, et j’en profite pour remercier les autorités tunisiennes de nous avoir aidés à nous installer dans des conditions qui nous permettent de travailler convenablement. Pour les fonctionnaires venus d’Abidjan et pour leur famille, la situation n’est certes pas idéale, mais elle s’améliore. Des instructions ont été données par les autorités tunisiennes pour accélérer les procédures douanières, l’obtention des visas et des permis de travail et de séjour. Toute décision qui aide nos agents à améliorer leurs conditions de vie et de travail est à saluer.
Vous avez été ministre au Rwanda pendant huit ans dans le cadre d’une situation de post-conflit. Qu’avez-vous retenu de cette expérience qui vous soit utile, aujourd’hui, en tant que président de la BAD ?
Notre expérience au Rwanda est propre au Rwanda et aux Rwandais. Chaque pays en postconflit a ses propres défis. Cela dit, tout ce que j’ai accumulé m’est utile dans ma réflexion et pour mon action. La Banque dispose déjà d’une structure qui travaille pour les pays en postconflit. Elle aura la lourde tâche à l’avenir d’aider à la reconstruction du Liberia, de la République centrafricaine, de la République démocratique du Congo, du Burundi et d’autres pays.
Le « miracle » asiatique est-il reproductible en Afrique ?
Oui, il peut y avoir un miracle africain. Les difficultés que traverse l’Afrique aujourd’hui ne sont pas une exception. Si le continent réunit les conditions préalables – bonne gouvernance, fin des conflits, amélioration du climat des affaires -, si la communauté internationale lui fait confiance, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas devenir compétitif. Je ne connais pas un seul économiste qui aurait parié il y a cinquante ans sur la réussite de la Chine ou de l’Inde. Grâce à la révolution verte, grâce à l’éducation, ces pays ont décollé. Pourquoi pas l’Afrique ?
L’Inde et la Chine sont deux grandes nations ; l’Afrique, ce sont cinquante-trois pays, et autant de régimes politiques, de présidents, d’entités douanières, etc. L’intégration régionale africaine n’est-elle pas un mythe ?
Je crois que la volonté des États africains de réaliser enfin l’intégration est réelle. Le rôle de la BAD consistera à les y aider dans les secteurs des infrastructures, des politiques macroéconomiques de convergence, des investissements La création d’une vice-présidence de la Banque chargée des infrastructures, de l’intégration, du commerce et du Nepad répond à ce besoin, dont l’objectif est de créer un marché interne africain effectif. Mais la Banque ne pourra pas contraindre les États à quoi que ce soit. Or il y a encore beaucoup d’efforts à faire en matière de circulation des biens, des capitaux et des hommes, d’harmonisation de la fiscalité et de droit des affaires.
Les réformes que vous préconisez demandent dix ou vingt ans
Rome n’a pas été construite en un jour. Elle n’a pas été construite le dernier jour non plus. L’essentiel est de commencer. Avec un plan et une vision clairs.
Le staff de la Banque est-il uni derrière vous ?
Le travail de réformes en cours n’est pas le travail du président seul. Je suis à l’écoute du staff, et je le consulte à tous les niveaux avant chaque décision. Je rends hommage à tout le personnel, qui se bat dans des conditions assez difficiles. Dieu merci, il y a une bonne entente entre la soixantaine de nationalités qui le composent.
Vous avez une relation assez étonnante avec le chiffre 7. Jugez-en vous-même. Vous avez été élu en Tunisie, le pays du 7 novembre 1987, le 7e mois de l’année, par la majorité écrasante des 77 membres de la Banque. Vous avez été choisi parmi 7 candidats après 7 tours de scrutin. Vous êtes l’aîné d’une famille de 7 personnes. Et vous êtes le 7e président de la Banque depuis qu’elle est devenue opérationnelle en 1967. Comment interpréter ce tropisme ?
[Éclat de rire.] Je ne m’en étais pas rendu compte ! Disons que c’est l’effet du hasard, tout simplement. Vous savez, je suis un homme engagé. Je crois sincèrement au destin positif de l’Afrique. Je suis sûr que notre génération réalisera enfin les vux des pères fondateurs de la Banque. Et je ne suis pas superstitieux
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