Croissance, subventions et droits de vote

Publié le 18 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Réunis le 13 avril à Libreville, les ministres des Finances des quinze pays de la zone franc ont procédé à un tour d’horizon de la situation économique en présence de Thierry Breton, leur alter ego français. « Nous avons constaté un ralentissement de l’activité dans notre zone », a déploré le Gabonais Paul Toungui. De fait, le taux de croissance n’a pas dépassé 4 % en 2005, contre 5 % dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Et pour 2006, les spécialistes tablent sur un petit 3,5 %. « La croissance ne tombe pas du ciel. Il faut créer les conditions pour que les entrepreneurs aient envie d’investir », a commenté Breton, qui plaide pour une intégration africaine plus poussée dans l’économie mondiale.
De ce point de vue, la question du coton est cruciale. La production africaine est exportée à 95 %, mais les pertes sont estimées à 400 millions de dollars par an, en raison notamment des subventions américaines à l’exportation. « C’est la vie de vingt millions de familles qui est en jeu », s’émeut Vincent Traoré, le président de l’Association des producteurs africains. La suppression des subventions pourrait entraîner pour ces derniers des gains estimés par la Banque mondiale à 300 milliards de dollars. « Nous demandons un traitement rapide de ce dossier au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) », a rappelé le ministre gabonais. Afin d’accroître la compétitivité de la filière, les participants à la rencontre de Libreville ont planché sur la création de Fonds de stabilisation et la mise en place de dispositifs destinés à garantir un niveau de revenu aux producteurs. Dans cette optique, la France prévoit de débloquer 100 millions d’euros sur deux ans. Après le temps de la libéralisation, préconisée par les institutions financières internationales, voici donc celui de la régulation.
Le problème, comme le reconnaît un conseiller de Thierry Breton, est que « la représentation des pays pauvres au sein du Fonds monétaire international (FMI) est insuffisante ». L’Afrique, par exemple, ne dispose que de deux sièges au conseil d’administration. À Libreville, les ministres ont donc plaidé pour une augmentation des droits de vote. Un appel fort opportun, à quelques jours des réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI (Washington, 22-23 avril).

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