Vers une renaissance arabe ?

Salon du livre, prix littéraires, traductions… Les Émirats décident d’utiliser une partie de leur surplus budgétaire pour redonner tout leur lustre aux lettres arabes.

Publié le 17 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

La première édition du Prix international de fiction arabe (International Prize for Arabic Fiction) a consacré, le 10 mars, l’Égyptien Baha Taher pour son livre Sunset Oasis. Taher a devancé cinq autres auteurs : deux Libanais, un Syrien, un Jordanien et un Égyptien. Leurs ouvrages retrouvent des thèmes communs, de la guerre civile à l’exil. Ce prix s’est donné pour modèle le Man Booker Prize britannique. Le lauréat aura droit à un chèque de 50 000 dollars (32 600 euros).
C’est la première étape d’une campagne entreprise par les Émirats arabes unis pour redonner tout son lustre à la littérature arabe. Elle sera orchestrée par l’Emirates Foundation, créée par le prince héritier d’Abou Dhabi pour promouvoir les arts, la culture et l’éducation auprès des 300 millions d’arabophones de la région et au-delà. Le développement de la pensée arabe s’est jusqu’ici heurté à l’éparpillement des maisons d’édition et aux interférences des pouvoirs publics, en particulier dans les médias. Les traductions en arabe sont beaucoup moins nombreuses que les ouvrages édités dans d’autres langues, et la littérature arabe non religieuse n’a qu’une présence symbolique.
Les Émirats n’ont pas, dans l’écrit, un héritage très riche. Sociétés bédouines, leurs traditions ont été transmises par voie orale. Mais Abou Dhabi et Dubaï veulent utiliser leur surplus budgétaire pour relancer la littérature arabe. Dans la recherche du talent et de l’inspiration, ils s’appuient sur les centres traditionnels de l’écrit : Le Caire, Beyrouth et Bagdad. Joumana Haddad, journaliste et poète libanaise, directrice du Prix, espère qu’il contribuera à faire apprécier la littérature arabe contemporaine et à faire connaître internationalement les meilleurs auteurs de la région. « Malheureusement, dit-elle, il y a tant de problèmes dans le monde arabe que la lecture est devenue un luxe, alors qu’elle devrait être une nécessité comme le pain et l’eau. Dans beaucoup de pays, les pressions politiques détournent l’attention de la littérature, alors qu’elle pourrait être une planche de salut. »
Les livres publiés se font l’écho de certaines des fractures de la société arabe : guerre civile libanaise, oppression politique en Syrie, crise sociale en Égypte L’attribution du Prix coïncide avec l’inauguration du Salon du livre d’Abou Dhabi. Cette foire, jadis somnolente, est aujourd’hui un événement très couru. Elle relance un secteur de l’édition traditionnellement consacré à l’hagiographie des cheikhs. Abou Dhabi a mis en route un autre projet, Kalima, qui se propose de traduire en arabe cent livres par an. Sont prévus, en 2008, A Brief History of Time, des classiques grecs, des manuels d’économie et des livres pour enfants.

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