Tunisie : ce que cache le voile
En réponse à l’article « Pourquoi les laïcs ont peur » (J.A. n° 2456), je voudrais m’exprimer sur le « problème » du revirement religieux de la population tunisienne qui, selon certains intellectuels laïcs, est précurseur de la montée d’un intégrisme islamique qui a longtemps épargné la Tunisie. Ce phénomène, qui a notamment été imputé à la prolifération des chaînes religieuses en Orient, est en fait une réaction à une situation internationale qui ne fait qu’accentuer le sentiment d’injustice déjà très ancré dans les esprits des citoyens arabes depuis des décennies. C’est pour cela qu’un regain de religiosité en Tunisie peut s’expliquer par la recherche de repères d’une population délaissée par la classe dirigeante et les alliés traditionnels du monde arabe, alors qu’elle est plongée dans un contexte de crise. Le problème n’est donc pas le retour aux fondamentaux de l’islam, mais celui de l’hypocrisie vis-à-vis de la religion qui s’exprime par un intérêt exacerbé pour la mode « orientale ». Cette tendance pourrait se dissiper progressivement pour laisser place à d’autres phénomènes identitaires qui n’auront probablement rien à voir avec l’islam. Étant moi-même laïc, je doute que l’interdiction du port du voile (entre autres mesures) soit un remède efficace contre l’intégrisme islamique, puisqu’il relèverait d’un laïcisme réactionnaire et d’un extrémisme obtus que je fustige chez certains intellectuels cités dans l’article.
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