Tour de magie statistique

Comment faire progresser le PIB de 32 % sans augmenter la production ? En prenant en compte l’économie informelle !

Publié le 17 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

L’économie turque est plus puissante qu’on ne le croyait C’est du moins ce qui ressort des propos tenus par Ömer Demir, président de TurkStat, l’institut national des statistiques, lors d’une conférence de presse, le 8 mars à Ankara. Le produit intérieur brut (PIB) du pays n’a pas été en 2006 de 576 milliards de livres, comme on le croyait jusqu’ici, mais de 758 milliards. Cette réévaluation de 32 % est la conséquence de l’intégration dans le calcul des activités économiques informelles et des biens non déclarés au fisc – du moins, de celles et de ceux que l’institut est parvenu à recenser. Du coup, le PIB en dollars de la Turquie passe, comme par un coup de baguette magique, de 402 milliards à 528 milliards de dollars (au taux de change de 2006). Selon le Fonds monétaire international (FMI), il devrait atteindre cette année 757 milliards de dollars, au lieu de 513 milliards.
« Nous sommes devenus riches du jour au lendemain », ironise le quotidien turc Vatan (la Nation) dans son édition du 9 mars. Le revenu moyen par habitant devrait dépasser les 10 000 dollars cette année, un objectif qui, selon les prévisions, n’aurait dû être atteint qu’en 2013. Les autorités ont désormais « une meilleure vision de l’économie », explique Demir. « C’est important pour prendre les bonnes décisions », renchérit Durmus Yilmaz, le gouverneur de la Banque centrale.
En fait, le système de mesure du PIB a tout simplement été mis en conformité avec les normes européennes (ESA 95), histoire de parler le même langage, au moins sur le plan statistique, que les négociateurs de Bruxelles en vue de l’adhésion à l’UE. Le nouveau PIB prend notamment en compte plus de seize mille entreprises de plus de dix salariés et plus de cinq millions de logements supplémentaires.
Cette intégration du marché informel – ou clandestin – dans le calcul du PIB est une opération complexe, mais pas sans précédent. Plusieurs pays y ont déjà procédé : l’Italie en 1987 (son PIB a augmenté de 15 %), la Chine en 2005 (+ 17 %) et la Grèce en 2006 (+ 25 %). Considéré comme un rival de la Turquie, ce dernier pays est aujourd’hui largement distancé : son PIB ne représente plus que 51 % du nouveau PIB de la Turquie, qui se classe désormais au 17e rang mondial, juste derrière les Pays-Bas (805 milliards de dollars) et au premier rang des pays islamiques, loin devant l’Indonésie (445 milliards) et l’Arabie saoudite (410 milliards).

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